L'histoire :
En l'an 1310, en pays cathare, le guérisseur et Parfait Guilhem Roché habite désormais avec sa compagne Nita dans une tour perchée en surplomb d'une falaise, qu'il restaure en compagnie de quelques fidèles compagnons. Il vit un bel et grand amour, mais demeure tourmenté par l'énigme posée par un vieil ermite concernant sa foi : « Et toi, à quel endroit du labyrinthe te trouves-tu ? ». L'envie de reprendre les investigations le chatouille... mais les temps sont cruels envers les cathares : l'inquisiteur Arnaud Gui traque tous ceux qui s'approchent des hérétiques, promis au bûcher. Ce vil corbeau mandaté par Rome se sent investi d'une mission. Il va jusqu'à instrumentaliser des délateurs et paie des chasseurs d'hérétiques. L'un d'eux, prénommé Axel, est parvenu à décrypter la logique du mythique labyrinthe gravé au dos des carnets intimes que chaque Parfait reçoit à l'issu de son initiation. En superposant plusieurs labyrinthes, il y aurait matière à localiser la « cathédrale invisible », le lieu de culte des cathares... et pour ce faire, il ne lui manque plus qu'un exemplaire. Or Axel a eu vent que Guilhem Roché, guérisseur notable et bonhomme, en possèderait un. Pour faire sortir sa famille des geôles putrides de l'inquisition, le débrouillard Axel s'infiltre au sein de la demeure de Guilhem et cherche le livre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les aventures initiatiques et spirituelles de Guilhem Roché au temps des Cathares toucheraient-elles à leur terme ? Dans ce cinquième épisode, qui commence pourtant dans une harmonie de couple et de foi (quoique précaire), notre « bonhomme » (ainsi les hérétiques s'appelaient-ils entre eux) subit un énième et tragique coup du sort, de nature à remettre profondément son destin en question. Tandis qu'il cherche à comprendre le sens du « labyrinthe », notre héros est en effet trahi et se frotte frontalement à une caricature d'inquisiteur : le cruel, opiniâtre et machiavélique Arnaud Gui (cousin du Bernar Gui dans Le nom de la Rose ?). En marge de cet épisode, le scénariste Pierre Makyo poursuit et consolide ce qui pourrait être une sacrément bonne série au long cours. On sent que Makyo n'a pas fait que se documenter sur le sens de la foi cathare, mais qu'il l'a parfaitement comprise... voire qu'il la partage, tout du moins partiellement. Alliant rythme et fonds, son intrigue est emmenée par un vrai héros à l'ultra-vertu cohérente, comme on n'en croise pas si souvent. La foi et la bonté éclairée de Guilhem lui confèrent en effet un statut de super-héros d'antan : il n'est que bénéfique et dispose en outre d'un super-pouvoir de guérison. Enfin, pour ne rien gâcher, le décorum médiéval est sublimement mis en dessin par Alessandro Calore, qui n'a jamais relâché d'un iota son niveau d'exigence, tant en matière anatomique (des proportions parfaites), que sur le plan des cadrages (savants et harmonieux), des mouvements (vivants !) que des décors (panoramiques et détaillés). Voilà assurément la série la plus pertinente et aboutie sur le catharisme.