L'histoire :
Clymenes est une femme de haute lignée. Elle évoque le colosse de Rhodes, assise sur cet immense géant de pierre. Son compagnon, Amaryos, l'écoute vanter la puissance protectrice de cette sculpture. Clymenes lui avoue son amour et veut l'épouser le plus vite possible. Amaryos accepte et lui déclare aussi sa flamme. Le père de Clymenes, maître Flegones, est heureux de cette nouvelle. Il donne sa bénédiction à Amaryos, d'autant plus que le jeune homme l'aide et le soigne en faisant des miracles. Grâce lui, ses vieux jours sont beaucoup moins difficiles à vivre et il se rapproche de la mort avec sérénité. Tout semble paisible à Rhodes. Pourtant, une ombre sinistre guette, prête à frapper et à semer la mort. Il s’agit du spectre du père d’Amaryos qui hante son fils et lui réclame vengeance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La dernière merveille développée par la série-concept de Delcourt est une vraie… merveille. Luca Blengino est particulièrement inspiré sur cet opus et en maîtrise parfaitement les fils scénaristiques. Le scénariste jongle entre les genres et les styles. Il propose une plongée historique à l’époque antique, mâtinée de fantastique, tout en développant un contexte historique passionnant sur fond de tragédie. Comme pour les autres merveilles, Blengino propose également une belle « visite touristique » de ce géant fascinant qu’est le colosse de Rhodes. Grâce à certaines cases vertigineuses dessinées par Antonio Palma, on admire la grandeur démesurée de cette merveille antique. Le colosse a d’ailleurs un rôle important à jouer dans l’album. La trame est passionnante de bout en bout. Les personnages sont bien campés et préfigurent une tragédie des plus sombres. D’autant que l’homme qui apportera le malheur est un sinistre fantôme qui hante son fils pour qu’il se venge (Shakespeare n’est pas loin !). Le héros est sans arrêt tiraillé entre le bien et le mal et doit faire un choix cornélien. Ce destin tragique s’assemble parfaitement à la grande Histoire et l’on suit donc les mésaventures d’Amaryos avec beaucoup d’intérêt. Il faut dire que Blengino n’a pas son pareil pour maintenir le lecteur en haleine, son récit réserve une série de rebondissements spectaculaires. Haletant, le rythme ne laisse pas une seconde de répit et la fin est particulièrement habile. Sans compter l’intelligence des dialogues qui distillent finement quelques allusions historiques sur l’époque. Malheureusement, le dessin d’Antonio Palma n’est pas toujours à la hauteur du travail gigantesque de Blengino. Le style si particulier (quasi roman photo) du dessinateur de l’ Astrolabe de Glace cadre mal avec la narration. De plus, on est frustré du peu de détails et de l’absence quasi totale de décors dans de nombreuses pages. Ne boudons pas notre plaisir toutefois devant ce scénario… colossal !