L'histoire :
En l’an 587 avant Jésus Christ, c’est la panique à Jérusalem. Le roi Sédécias est destitué et la ville totalement détruite. Même le temple sacré de Salomon ne résiste pas à la fureur des troupes de Nabuchodonosor. Les soldats de Sédécias sont envoyés en exil et beaucoup meurent de faim ou d’épuisement. On crève les yeux de Sédécias pour le punir d’avoir osé se rebeller contre les troupes du roi de Babylone. Le dernier roi de Juda est envoyé, captif, au cœur de sa ville ennemie : Babylone ! Quelques années plus tard, à Babylone, les soldats de Nabuchodonosor recherchent l’esclave juif Hesediel. Balthazar lui-même, scribe et conseiller du roi, mène les recherches pour retrouver le misérable. Les habitants de Jérusalem, prisonniers dans Babylone, tentent de protéger Hesediel. Mais ce dernier se rend pour éviter tout incident. Hesediel est aussitôt amené auprès du grand roi Nabuchodonosor. Ce dernier lui explique la raison de sa présence dans son palais. Il lui montre le sublime jardin de sa forteresse, bâti pour ressembler aux terres du paradis, ce qui fait du roi un Dieu vivant. Nabuchodonosor y tient plus que tout. Il sait qu’Hesediel est un excellent jardinier formé aux techniques égyptiennes et qu'il porte le surnom d’homme des miracles. Il lui confie donc le soin de s’occuper des jardins de Babylone. D’autant que certains arbres présentent des signes inquiétants d’épidémie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série propose un mélange d’histoire et de fiction en prenant comme sujet principal les fameuses Sept merveilles du monde. Pour deuxième merveille, intéressons nous donc aux somptueux jardins de Babylone. Cette merveille botanique est aussi l’occasion de revenir sur le règne du grand Nabuchodonosor, sur son appétit guerrier, sa vie fastueuse et son caractère si particulier. Après le jardin, c’est le grand roi chaldéen qui est la véritable vedette de l’opus. Le scénariste Luca Blengino magnifie la puissance du dieu vivant, à la fois fascinant et plein de cruauté. Ses nombreuses apparitions en font une figure marquante et sa psychologie est creusée. Le scénariste prévient d’ailleurs dans les annexes qu’il a voulu le représenter de façon trouble, suivant les témoignages contradictoires qui le décrivent tantôt comme un roi tyrannique et sanguinaire, tantôt comme un homme plein d’esprit et instruit. C’est d’ailleurs ce qui pose problème pour mettre en scène Babylone, son palais démesuré et ses jardins sublimes. La deuxième merveille du monde n’est peut-être qu’une légende et le fameux jardin imitant l’Eden n’a peut-être jamais existé. Blengino est bien conscient de cette ambiguïté et il mêle donc habilement récit historique et fiction. Comme dans le tome un, le destin d’un homme simple va croiser la route d’un grand homme et d’un lieu remarquable. Hesediel est aussi une représentation du peuple juif asservi par les forces de Nabuchodonosor. Entre deux dialogues, Blengino campe parfaitement la situation complexe de cette époque lointaine. Or en voulant apporter un fond mystique, magique et religieux, l’intrigue finit par devenir parfois farfelue et peu crédible. Certains événements sont trop spectaculaires pour emporter l’adhésion et l’histoire devient petit à petit abracadabrantesque. Blengino a pourtant l’art de maintenir le suspense et l’idée de relier les jardins paradisiaques au destin d’un simple esclave est intéressante au départ. Le dessin de Roberto Ali est quant à lui une merveille à lui seul – d'ailleurs, pour le moment, les deux tomes sont une splendeur visuelle. L’immersion dans l’Antiquité et dans la grandeur démesurée du royaume babylonien est réussie et le trait détaillé parfaitement rehaussé par des touches de couleurs délicates et puissantes.