L'histoire :
Pour planter le décor de son analyse, Michel Thiébaud replace la série Les compagnons du crépuscule dans son contexte historique, à l’aide d’un tableau synoptique allant de 1252 (sous le règne de Saint Louis) à 1350 (sous le règne de Jean le bon). Les évènements les plus célèbres de la période sont les débuts de la guerre de 100 ans, la défaite de Crécy, le siège de Calais… Puis un premier chapitre explore en long et en large ce contexte, de la langue parlée (ahah les expressions en vieux françois !) en passant par les costumes (savamment étudiées par Bourgeon), les mœurs ou les lieux (en véritable stakhanoviste, Bourgeon produisait des maquettes de bâtiments médiévaux réels, pour mieux les croquer sous tous les angles)… Un second chapitre traite du mythe, car une large place est accordée au fantastique dans la série. A l’époque, les croyances se partagent en effet entre christianisme imposé et paganisme de fait, produisant un mélange très intéressant de mythologie chrétienne et celtique. Enfin, un dernier chapitre synthétique établit le sens de tout cela, la symbolique dans la démarche de Bourgeon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme il l’avait fait avec les Passagers du vent, à travers l’ouvrage d’analyse documentaire Les chantiers d’une aventure, Michel Thiébaut, spécialiste de la « représentation de l’Histoire par l’image », récidive avec l’autre série historique de François Bourgeon, Les compagnons du crépuscule. Après moult échanges avec l’auteur au cours des années 80, concernant uniquement la question de l’inspiration historique de son œuvre – non la narration graphique – Thiébaud a relevé toutes les sources utilisées par Bourgeon. Cet épais ouvrage « encyclopédique » est la résultante de l’approfondissement et des analyses sur ces documents, afin de comprendre le travail de l’auteur, d’en apprécier plus exactement la qualité. Et le foisonnement documentaire, le bouillon de Culture qui résulte de ce pavé illustré de clichés, croquis, maquettes, parchemins, schémas, bref, une iconographie extrêmement riche, est impressionnant ! Quand on prend la mesure du travail préparatoire qu’ont demandé la cohérence et la réalisation d’une telle série, on se sent soudain tout petit. Bourgeon apparaît dès lors comme un bourreau de travail, et encore, il ne s’agit ici que de son bagage documentaire, sans prise en compte du prisme artistique. Certes, c’est un angle d’approche comme un autre, qui ravira les amateurs de la série comme les fanas d’Histoire… et rebutera les lecteurs qui, dupés par la couverture, auront cru à un 4ème volume de bande dessinée…