L'histoire :
C’est la crise, jusque dans le bocal des poissons rouges, amenés à devoir se serrer radicalement la ceinture. Les pauvres, qui tournent en rond dans leur petit bocal sphérique, regardent désormais en biais les riches bling-bling dans leur vaste aquarium cubique. Les positions se radicalisent et on sent une montée des extrémismes : les poissons panés sont d’ailleurs admirés pour leur rigueur. Si certains s’inquiètent aussi de ce manche de casserole apparu sur la paroi de leur bocal, d’autres se contentent de ce que ces petites bulles chaudes fond jacuzzi… Mais la crise est aussi climatique, avec le problème de l’eau, un élément crucial pour les poissons. Au rang des astuces pour pallier les effets indésirables d’une telle époque, un couple adopte aussi une huitre perlière (qu’ils appellent Causette) et espèrent tirer une rentabilité lucrative de sa production. Enfin, la crise engendre aussi la montée de tous les fanatismes : on croise désormais des poissons en burqa, même qu’on dirait des méduses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette fois, ça y est : à l’instar de ses héros piscicoles, Nicolas Poupon tourne bien en rond. Le 6e recueil de sa série de gags animaliers est peut-être de trop : les idées semblent s’être taries au terme de 5 albums tournant en dérision l’absurdité existentielle des poissons rouges (et donc de nous autres, piètres humains), condamnées à deviser sur le monde extérieur et leur situation depuis le prisme de leur bocal. Cela dit, après tout, peut-être l’inspiration s’est-elle mise en phase avec la thématique de « la crise » ? Les facettes du sujet sont pourtant nombreuses : pauvreté, précarité, licenciement, pouvoir d’achat, port de la burqa, extrémisme de droite, syndicalisme de gauche… En dépit de la technique du running-gags, toujours de mise, à vouloir être subtil sur le sujet, l’auteur manque surtout de percussion, employant une forme d’humour ni drôle, ni toujours limpide. Poupon a beau triturer la crise dans tous ses compartiments (économique, sociale, politique, religieuse, écologique…), ses poissons peinent vraiment à emballer avec leurs réflexions capilotractées (tirées par les cheveux). Allez, ce n’est que passager, ça ira sans doute mieux sur la prochaine thématique…