L'histoire :
Rebelotte : des poissons rouges soliloquent dans leur bocal, autour de leur condition ou de leurs perspectives d'évasion. L'eau, notamment, est capitale : qu'elle vienne à disparaître ou à être remplacée par du champagne, et la vie change du tout au tout. Parfois, des éléments intrusifs dans l'eau – petits légumes, fleurs coupées, huile ou matière fécale – en disent également beaucoup sur les récents évènements... La structure du bocal revêt elle aussi une importance particulière. Sa rondeur joue diversement sur le moral des troupes. Les poissons reçoivent également la visite de Colin, leur cousin pané et congelé (mais peu bavard). Cette présence les incitent à se poser de nouvelles questions quand à leur avenir à court terme. Ils se mettent ensuite à apposer leurs oreilles à des coquillages, pour entendre la mer où communiquer entre eux. Ils se comparent à un autre type de cousin, du genre à rouler en boîte, par 4 et très serrés.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Charles Schultz, papa de Snoopy et des Peanuts a créé un comic-strip par jour, durant près de 50 ans, avec uniquement un chien, des gamins, des zoziaux et une niche. Il n'y a donc pas de raison que Nicolas Poupon n'y arrive pas lui aussi avec sa recette humoristique piscicole. L'absurde condition des poissons rouges dans leur bocal, « anthropomorphisés » pour l'occasion, est l'occasion pour lui de moult parallèles avec la destiné humaine, entremêlées de parodies bien senties. Un 4e recueil sort donc en septembre 2009... qui sera aussitôt suivi d'un 5e en octobre. Si dans les précédents opus, Poupon avait régulièrement fait appel à des seconds couteaux issus d'espèces animales différentes, il se re-concentre sur son sujet dans ce tome 4 : le poisson. Certes, il est cette fois tantôt pané (un bête rectangle blanc, cousin venu du froid), tantôt tout gris et serré par 4 en boîte (le maquereau auto-macho-bobo), tantôt empaillé au mur. Avalé d'une traite, le résultat est légèrement indigeste. C'est évidemment irrégulier : certains « gags » font pschit (ou plouf, plutôt), là où d'autres témoignent d'une réelle profondeur spirituelle (la réflexion autour de la rumeur). Loin de toucher le fond, le Fond nous touche. Il conviendra de feuilleter le petit ouvrage souple de temps en temps pour en apprécier la puissance caricaturale. Car Poupon a le sens de l'expression faciale qui tue, quand bien même l'éventail des tronches des poissons est intrinsèquement limitée.