L'histoire :
Après le fiasco de leur mission de protection du fils d'un richissime industriel de l'armement (premier dyptique), l'équipe de gardes du corps, toujours emmenée par Ely, doit assurer la protection d'Ava Troy, qui a fait fortune dans le don d'ovocytes haut de gamme. Sa société, appelée Perfect Child, rémunère des candidates triées sur le volet pour figurer dans une liste de donatrices possibles pour les femmes stériles. Niveau d'éducation, QI, physique avantageux... tout est mis en avant pour que des femmes riches puissent choisir le patrimoine génétique de leur futur bébé. L'opposition la plus farouche à cette pratique est dirigée par Monseigneur Williams, un évèque qui organise des manifestations pour défendre une vision traditionnelle de l'enfantement. Accessoirement, il critique le business cynique et rémunérateur mis au point par Ava Troy. La mission démarre dans le hall d'un grand hotel, où les femmes en recherche de donneuses potentielles rencontrent les candidates hyper select choisies par Perfect Child. Tout en surveillant le déroulement de la soirée, Ely est plongée dans ses pensées. Elle ne parvient pas à accepter la blessure très grave de son collègue Walt, qui représentait à ses cotés bien plus qu'un collègue de travail. Elle ressasse ses expériences passées, ses échecs amoureux à répétition, et sa difficulté à lier des relations avec un homme. Quand soudain, un landau bourré d'explosifs est détecté dans le hall...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce nouveau dyptique mettant en scène l'équipe de gardes du corps pour industriels richissimes, on en découvre un peu plus sur le personnage central d'Ely. Alors que le fond de l'intrigue se met en place de manière efficace et rythmée, l'essentiel de cet album tourne autour des réflexions personnelles de la jeune femme, présentées en voix-off. Le scénariste Joel Callède semble vouloir introduire une vraie dimension psychologique dans son personnage... mais il n'y parvient pas réellement. Si on apprécie l'effort apporté à humaniser les membres de l'équipe à travers leurs histoires personnelles ou familiales, les pensées systématiquement sombres d'Ely la transforment en une sorte de rabat-joie de chaque instant, prompte à donner des leçons de morale à tout va. De même, les tentatives d'organiser des séquences plus émouvantes ne sont qu'à moitié réussies, car trop rapides et peu crédibles. Quatre ou cinq cases pour que Sean raconte la blessure de Walt, sa séparation conjugale, le fait qu'il s'en remet quand même, et qu'au fait il voudrait bien coucher avec Ely, ça fait peu. On perçoit cette difficulté rencontrée par l'auteur à vouloir absolument construire de vrais personnages, tout en insérant les scènes d'action nécessaires, le tout dans 46 planches. Callède veut clairement que cette série s'inscrive dans la durée et que le lecteur ait plaisir à retrouver ses protagonistes, mais il en fait trop. Heureusement, l'album contient quelques belles scènes d'actions (une très efficace séquence silencieuse en pages 38 et 39) et bénéficie du dessin très précis d'Alain Henriet. Le dessinateur a une vraie patte, avec des contours de visage épais qui évoquent les grands maitres américains, et une harmonie parfaite avec sa coloriste (et épouse) Usagi. Cette série confirme donc sa grande qualité visuelle, mais il lui reste à trouver un équilibre, un peu plus de légèreté dans les dialogues et les situations.