L'histoire :
Tels deux cow-boys solitaires, Jeremiah et Kurdy parcourent les plaines sauvages et dévastées de leur monde post-apocalyptique, comme à leur habitude à dos de moto. Le territoire qu’ils traversent est des plus cauchemardesques. La forêt y est comme pétrifiée à l’intérieur de carcans blanchâtres. De temps en temps, se lèvent des bourrasques de vent aussi violentes que fugaces. Les débris acérées et cinglants qui sont alors charriés sont des plus redoutables. Bloqués par un pont en ruine, à cours de carburant, ils imaginent le calvaire des motos qu’ils vont devoir pousser... Lorsque soudainement, un providentiel inconnu surgit et leur propose un marché : de l’essence contre une escorte. N’ayant pas grand-chose à perdre, les deux jeunes hommes acceptent. Ils font alors connaissance d’un petit groupe de cinq personnes poursuivies par de mystérieux tueurs. L’ambiance au sein du groupe est d’autant plus tendue qu’ils semblent retenir contre son grès une jeune illuminée toute droit issue d’une secte. Le contrat est simple : aucune question n’est tolérée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce 25e Jeremiah, on retrouve les thématiques chères à Hermann : un décor mystérieux, un plan foireux à clarifier, des protagonistes louches, une vague odeur de secte, une touche absurde (le singe, le rose du cuir de l’écorché…). Mais cela ne suffit pas pour faire un album. Car en dehors de cela, l’intrigue sonne creux. Hermann entremêle sans conviction deux trames conventionnelles, et surtout oublie de délivrer les clés de l’ambiance énigmatique qu’il a installée. Qu’est-ce donc que ce territoire où la terre réagit aux interférences humaines ? Une métaphore écologique traitant d’une terre abîmée par l’homme, devenue vengeresse ? Frustrant, cet épisode est en tout cas largement fantastique, alors que la série n’était jusqu’à présent tout au plus que mystérieuse. Comme pour renforcer la fantasmagorie, la colorisation alterne deux tons « osés » (qu’il semble avoir adoptées depuis l’album Zhong Guo) : un ciel vert pomme et une déco rose pourpre. Si sa technique de couleur directe s’exprime toujours avec un talent formidable, elle semble en deça de son meilleur niveau. Seuls les dialogues restent tout au plus plaisants, grâce notamment aux mises en boîte réciproques des deux héros : Jeremiah est tout aussi prétentieux que Kurdy est inculte. Bref, on a connu Hermann plus inspiré.