L'histoire :
Convoyés à l’arrière d’un pick-up, Jeremiah et Kurdy traversent une lande vallonnée dédiée à l’élevage des ovins, où d’étonnants loups en pierre rouge sont sculptés par endroits. Leur chauffeur les descend au Lols Paradise, un cabaret malfamé dans lequel des filles nues font de la pole dance. Pour échapper à un contrôle de police, une jeune femme séduit en moins d’une seconde Jeremiah… qui se laisse volontiers embarquer dans l’arrière-boutique pour une galipette express. Pendant ce temps, Kurdy s’arrange pour provoquer une bagarre générale sur une table de poker, ce qui lui permet, dans la confusion, de récupérer un maximum de pognon tombé au sol. Tous deux se retrouvent au petit matin dans le brouillard, à suivre la jeune femme prénommée Virna jusqu’à la chiche masure de son père, isolée en pleine campagne. Cette famille élève des moutons et connait visiblement quelques problèmes avec les « frères loups ». Une guerre larvée se tend au fil des semaines entre les éleveurs et ceux qui voudraient les faire décamper. Mais pour faire quoi de leurs terres, au juste ? Ces tensions excitent la curiosité de Jeremiah et Kurdy qui acceptent de rester quelques jours auprès de Virna.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jeremiah et Kurdy font une étape de plus au sein de leur western post-apocalyptique. Une étape de plus pour défendre la veuve et l’orphelin contre les velléités dégueulasses d’un potentat local… La mécanique tout droit héritée des codes du western est toujours un peu la même. Ici les faibles gens de peu sont éleveurs de mouton, et ils subissent la pression des « frères loups » qui veulent récupérer leurs terres (on vous laissera découvrir la raison). En cerise fantasmagorique sur le gâteau, un loup géant (la Bête du titre), soit génétiquement modifié, soit nucléairement devenu monstre, fait le même type de carnage sur les brebis que son ancêtre du Gévaudan. La partition musclée peut se dérouler dans la lande brumeuse, qui offre à Hermann la possibilité de dessiner toutes les scènes nocturnes qu’il affectionne. Il faut dire que le lecteur ne se lasse pas de sa colorisation faite de lavis gorgés d’eau, de sa science des clairs-obscurs et de son jeu d’ombres marquées. Hermann use et abuse de dialogues punchy et directs, avec toujours une misanthropie de fond sous-jacente dans le propos. Les hommes sont vraiment tous des gros bâtards… sauf Jeremiah. Evidemment, ça finit mal et ça finit bien. Comme dans un bon vieux Jeremiah, quoi. Et hop, ce n’était qu’une étape : il est déjà en route pour la prochaine aventure.