L'histoire :
Jeremiah et Kurdy se sont posés quelques temps dans une ville qui prospère à l’ombre d’une mine d’extraction. Durant quelques jours, Kurdy se saoule en ville, auprès d’un vieux pote adepte de la crasse et du biniou, tandis que Jeremiah rend visite à ses amis Jake, Léna et leur petit garçon Stevie. Mais en ville, les tensions sont exacerbées depuis que Ricky, le fils du directeur de la mine, a flingué un ouvrier quelque peu revendicateur, sans autre forme de procès. Ricky, à 17 ans, est un vrai salopard, cruel et profiteur. Le soir même, tandis qu’il s’amuse avec une greluche, accoudé au comptoir d’un bar, il envoie avec mépris un de ses gros bras casser la gueule à un ouvrier qui n’a pas accepté la mort de son ami. Mais Jeremiah est dans les parages et il s’interpose. Avec son ironie habituelle, Jeremiah énerve ledit gros bras, juste afin d’avoir le moyen de lui répliquer une droite monstrueuse ! Le coup de poing est d’une telle violence qu’il tue instantanément l’homme, le défigurant au passage. La présence des policiers empêche Ricky de sortir son flingue, mais il n’aura de cesse de se venger de cette humiliation dans les jours suivants. Suite à cette altercation aussi brève que radicale, Jeremiah, lui, est contacté par les ouvriers, qui cherchent à le rallier à leur cause. Mais Jeremiah tient à son indépendance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une année qui commence par un nouveau Jeremiah est forcément une bonne année. Depuis sa création en 1979, et surtout depuis qu’Hermann dessine en couleurs directes (depuis Zone frontière en 1996), ce western post-apocalyptique rallie une solide communauté de fans. 29 tomes plus tard (eh oui, déjà !), Jeremiah et Kurdy sont toujours en goguette dans cette société délétère, décharnée et déshumanisée. Cette fois-ci, en rendant ostentatoire son attachement envers une petite famille toute paisible, Jeremiah dévoile son talon d’Achille… et tombe dans un piège dont il ne trouve aucune issue. Ce point de l’évolution du personnage est intéressant, car trop souvent, grâce à son indéfectible vertu, son habilité à faire le coup de poing et son intelligence hors-pair, les solutions sont trop limpides pour Jeremiah (même si leurs mises en œuvre donnent lieue aux péripéties qui nous comblent de plaisir). La trame est posée, Hermann n’a plus qu’à dérouler en s’appuyant sur les ingrédients récurrents, nécessaires et truculents : les répliques acerbes d’un Kurdy je-m’en-foutiste juste ce qu’il faut, les vrais purs connards à nettoyer (Ricky), les seconds couteaux insolites (Julius, le joueur de biniou…). Et bien sûr, le dessin impeccable, à la fois juste et spontané, s’assoie avec un équilibre rare dans les cadrages et un découpage irréprochables : Hermann est un monstre.