L'histoire :
Jeremiah et Kurdy s’offrent une nuit de plaisir, chacun de leur côté, dans une grande ville. Mais tandis que Jeremiah est dans les bras d’une jeune femme qui s’attache, Kurdy se fait assommer et droguer. Le lendemain, Jeremiah cherche son ami dans toute la ville. Son sex-appeal naturel lui vaut d’être repéré par une riche blonde qui promène un gros chien affreux. Celle-ci demande à Karl, son homme de main, qu’il propose à Jeremiah un détour par son lit. C’est une fin de non-recevoir : Jeremiah a d’autres soucis en tête, et il n’a pas l’âme gigolo. Opiniâtre et capricieuse, la blonde demande à Karl de ne pas quitter Jeremiah d’une semelle. Pendant ce temps, Kurdy est dans les vapes dans une cellule, où trois abrutis essaient de lui faire avouer où il a caché de mystérieux diamants… Ces hommes sont en réalité à la solde d’un certain Stonebridge et d’un généticien machiavélique, avec lesquels Jeremiah et Kurdy ont un vieux contentieux (cf. tomes 5 et 24). Et tandis que Kurdy est bringuebalé, malmené et drogué, Jeremiah cherche partout son ami, aidé par intermittence par Karl, qui fait régulièrement son compte-rendu à sa patronne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce 33ème opus de la série culte de Hermann, Jeremiah et Kurdy, cow-boys modernes au sein d’un monde post-apocalyptique en pleine déchéance, sont séparés. Dans une grande ville qui a pâtit de l’inventivité débridée d’un architecte futuro-soixantuitard – en parfait accord avec le décorum kitsch de la série –, l’un cherche l’autre, tombé aux mains d’un trio de débiles, eux-mêmes secondes-mains aux prises de vieux ennemis à la rancune tenace (relisez les tomes 5 et 24). Dans les vapes durant tout l’album, Kurdy n’a qu’un maigre rôle. C’est donc Jeremiah qui mène les investigations, aidé par un allié initialement antipathique, Karl, qui se révèlera amical au fil de l’eau. Hermann nous tient en haleine tout du long de l’album avec cette problématique simple, délayée mais prenante. Celle-ci se trouve égayée d’un côté par les répliques toujours bien senties et pince-sans-rire des protagonistes, de l’autre par une idée cocasse sous-jacente : Jeremiah devra-t-il jouer au gigolo pour cette riche blonde de la couverture ? Et au comble du bonheur pour les fans, le dessin en couleurs directes d’Hermann joue sa partition dans le brouillard et les ténèbres, ce qui permet au maestro de jouer avec l’eau et les gris de ses savantes aquarelles. Bien plus que le « gros chien », le brouillard est un acteur majeur de cet excellent 33ème épisode.