L'histoire :
New York… Six mois après le fameux attentat qui tua plus de 500 personnes, dont le boxeur Steven Providence, fervent et populaire défenseur de la démocrate Jessica Ruppert,. Le suspect numéro un de cet attentat, Joshua Logan, est toujours en cavale et activement recherché à travers les Etats-Unis. Finalement, on retrouve l’homme traqué aux côtés de sa femme Xuan-Mai Thuong dans une petite chambre d’hôtel. Le malheureux couple vit sa dernière nuit ensemble, car Logan a décidé de se rendre à la police. Son but : se défendre et prouver son innocence. Malheureusement, la tâche s’annonce quasi impossible, tant la population New-Yorkaise est traumatisée par l’explosion de la propriété de Providence. L’arrestation de Logan va faire l’effet d’une (nouvelle) bombe et de nombreuses personnes vont graviter autour de cette affaire, avec des intentions plus ou moins louables… La guerre juridique commence dans un climat plus que tendu.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le pouvoir des innocents, série politique et sociale marquante des années 90, avait fait doublement son retour en 2011, presque 10 ans après le dernier tome de cette saga. Une double suite menée en parallèle : dans Les enfants de Jessica (dont le tome 1 est sorti en mai 2011), l’action se passe 8 ans après l’attentat ; et Car l’enfer est ici fait immédiatement suite au dernier tome du Pouvoir des Innocents. Cet opus re-maquetté en 2014 permet de retrouver le personnage phare de la série mère : Joshua Logan. Laissé pour coupable à la fin du Pouvoir, Logan est en grand danger, ce qui promet un tome palpitant. Luc Brunschwig ne déçoit pas et retrouve son art de la narration et son sens de l’action : comme à son habitude, les révélations sont distillées au compte-goutte et le récit se tend au fil des pages. Brunschwig est aussi un adepte des narrations éclatées, qui s’emboîtent les unes aux autres : on suit ainsi plusieurs personnages dont le destin se croise et s’entremêle de façon souvent inattendue. Ce récit éclaté est ultra moderne et rappelle le mécanisme propre à bon nombre de séries modernes. L’opus démarre sur les chapeaux de roues et l’arrestation de Logan va provoquer une série de réactions en chaîne, parfois violentes et souvent imprévisibles. Cependant, ce qui fait (encore et toujours) la force de cet auteur est sa capacité à décrire le monde politique moderne. On accède ainsi aux rouages politiques et médiatiques de la société américaine avec une justesse remarquable. Brunschwig se concentre cette fois sur le monde de la justice et il le décrit parfaitement, en suivant le combat de deux avocats. Il nous donne à voir toute l’ambigüité d’un système démocratique avec ses coups bas et ses manipulations. Signe des temps modernes, Brunschwig s’adapte en même temps que ses personnages : l’avocat de Logan est homosexuel, tandis que la mafia assassine une femme aux mœurs douteuses… On retrouve également avec plaisir la mise en scène de l’illustrateur habituel de la série, Laurent Hirn. Le dessin fin et les plans secs et nerveux, ainsi que la colorisation toute en nuances, sont en revanche assurés par David Nouhaud. Le dessinateur nous gratifie de quelques fondus enchaînés superbes. Cette suite est digne d’une grande série, au rythme haletant et au ton profondément engagé.