L'histoire :
Jessica Ruppert est menacée par le Sénat, alors que le président Mac Arthur, en voyage à Pékin, subit une énorme pression des dirigeants chinois. Pour eux, il est impensable que le gouvernement américain suive les idées protectionnistes de Jessica Ruppert. Si cela devait arriver, ils réclameraient les milliards que leur doivent les Etats-Unis. Piégée, Jessica Ruppert perd tous ses sympathisants politiques. Dans le même temps, on juge le jeune afro-américain Colin Strongstone, le criminel qui a utilisé des chiens dangereux pour assassiner des habitants étrangers des immeubles de la fondation Ruppert. Amy, la fille adoptive de Ruppert, se pose toujours autant de questions sur son bienfaiteur, Joshua Logan, qui aurait fait tant de mal à sa maman, tandis que Xuan Mai, la femme de Joshua, tente de tout faire pour réunir des pièces qui permettraient de rejuger son mari. La population sent que Jessica Ruppert est en danger et beaucoup se mobilisent pour défendre la place de leur favorite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jessica Ruppert est au pouvoir, mais elle n’aura jamais connu autant de difficultés pour s’imposer. Entourée de véritables requins politiques et assaillie par les attaques des conservateurs, la maire de New York est proche de la chute. Comme souvent avec Luc Brunschwig, la narration est éclatée et le scénariste s’attache à décrire le raz-de-marée d’un événement politique fort, auprès de tous les personnages de son histoire : des hommes influents jusqu’au simple citoyen, du président jusqu’à l’orpheline Amy, des sénateurs jusqu’aux prisonniers. Brunschwig plonge le lecteur dans une véritable lutte politique, à tel point qu’on se croirait dans la prochaine campagne électorale des Etats-Unis. L’extrême réalisme porté à la psychologie des personnages et aux décisions et applications politiques de Jessica Ruppert, fait de cette histoire une véritable chronique sociale et politique. Brunschwig fait d’ailleurs plusieurs clins d’œil à des grands noms de la politique actuelle : Strongstone est un Obama inversé (puisque conservateur) ; une des citoyennes, défenseur de Jessica, rappelle le charisme pacifique de Gandhi… Rarement une bande dessinée aura autant montré les rouages politiques d’une société dans ses moindres détails ; tant à travers des mesures sociales, que des réactions de tous les milieux de la société. Malheureusement, la suite du Pouvoir des Innocents n’atteint pas les cimes de la série-mère, à cause de ce même point de vue. Trop réaliste et trop politique, le récit est finalement assez vide : exit l’intrigue policière présente dans Le pouvoir des innocents et exit du même coup la tension qui en émanait. Même si la peinture sociale des Etats-Unis est magistrale, il manque sensiblement de l’action pour relancer l’adrénaline. Du coup, la série deviendrait presque insipide, malgré le talent évident de Brunschwig pour raconter son histoire. Laurent Hirn reste quant à lui au sommet de son art, avec des couleurs tout simplement exceptionnelles, offrant des moments magnifiques (notamment le discours touchant de madame Nasri pour défendre Jessica Ruppert). Notons que les auteurs agrémentent leur album de quelques belles pages explicatives sur leurs techniques de dessin et de scénarisation. Une compensation pour un tome encore un peu court et avare en rebondissements…