L'histoire :
Huit ans après l’accession dramatique de Jessica Ruppert à la mairie de New York, la fervente démocrate fait partie du gouvernement américain et elle compte y jouer un rôle actif. En effet, toujours révoltée par les inégalités et la précarité, elle décide de présenter au Congrès un très long discours de propositions censées révolutionner la société américaine en profondeur. Elle ne se doute pas, cependant, que son projet ambitieux va soulever les foules et diviser violemment le peuple américain. Sous les yeux terrifiés d’Amy (la petite fille que Jessica avait sauvée il ya quelques années) la société New-Yorkaise sombre dans la violence et les règlements de compte : des groupuscules extrémistes organisent des représailles sanglantes, les logements « Ruppert » pour les nouveaux arrivants new-yorkais dans le besoin sont attaqués… Les députés eux-mêmes organisent une contre-attaque pour empêcher Jessica de faire amender ses idées.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
9 ans après le dernier tome explosif de la série Le pouvoir des innocents et quasiment 20 ans après le premier tome de cette saga politique et visionnaire, Les enfants de Jessica permet aux lecteurs non initiés de découvrir une série qui vaut le coup d’œil par son originalité et son rythme endiablé. Luc Brunschwig refait ainsi d’habiles retours en arrière au début du volume pour résumer l’intrigue du Pouvoir des Innocents. La lecture de la série matrice n’est certes pas indispensable à la compréhension de ce tome, mais il serait dommage de passer à côté d’une telle production, sans compter que certains personnages qui refont leur réapparition dans cet épisode sont bien détaillés dans les précédents (et il y a des surprises de taille sur le devenir de certains d’entre eux dans cet opus). Pour les connaisseurs de la série et du scénariste engagé, cette suite permet de retrouver avec plaisir ce rythme nerveux et cette narration ultra moderne qui rappellent les séries policières américaines actuelles. Les histoires qui s’emboîtent en suivant plusieurs destins de personnages renforcent le tragique de la situation. Les fondus enchaînés entre les différentes actions de l’histoire sont parfaitement maîtrisés et montrent le talent certain de Brunschwig. Le dessin n’est pas en reste, à l’image de cette production moderne. Les couleurs, notamment, sont cette fois bien plus réussies que sur les albums précédents : plans dynamiques et couleurs chatoyantes… l’ensemble fait même penser à une version animée. Seul regret : cet épisode n’est qu’un point de départ d’une nouvelle série et Brunschwig est chiche en révélations : seulement 40 pages et un scénario assez mince, qui tient en quelques lignes. Si on retrouve le talent de la plume de Brunshwig et son art de nous montrer les rouages (bons ou mauvais) de la société américaine, on reste sur notre faim par cette mise en bouche apéritive…