L'histoire :
Juste avant le début du 1er conflit mondial, l’artillerie russe ouvre le feu sur un navire de la Marine Impériale allemande échoué dans un banc de sable au large de ses côtes. En fouillant l’épave, une escouade découvre le plan d’attaque de l’empereur Guillaume II pour anéantir la flotte anglaise, planifié fin mai 1916. Le jeune Eric Klein, Mosellan, s’enrôle dans l’armée d’occupation sans l’accord de son père. Le capitaine de vaisseau Thomas Bonham, prend quant à lui les commandes du valeureux HMS Black Prince. Les anglais étant au courant des plans de l’empire allemand, le jour J, ils se lancent à la rencontre de la flotte de la Deutsches Kaiserreich. Le 31 mai 1916, à 18h30, la Grand Fleet britannique de l’amiral Jellicoe fait face à la Hochseeflotte de la marine impériale allemande commandée par l’amiral Scheer au nord-ouest de la péninsule danoise du Jutland. Les premières heures de la bataille scelleront la suprématie sur les mers d’une des deux forces. Mais à quel prix ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La Première Guerre Mondiale résonne aujourd’hui comme une guerre de tranchée, une guerre exclusivement terrestre au cours de laquelle le corps à corps faisait rage et l’artillerie redessinait les paysages de l’Est de la France à coup d’obus de 75mm. Cette impression est accentuée par le balbutiement de l’aviation et la faible (re)connaissance des batailles navales durant ce conflit majeur. Jean-Yves Delitte, passé maitre dans le dessin des ambiances maritimes, scénariste et dessinateur de son état, nous plonge pourtant dans les eaux froides et salées de la mer du nord en nous faisant revivre un pan peu connu de l’histoire : la bataille navale de Jutland. Coutumier du fait, les doubles pages sont sublimes. Déjà dans ses précédentes séries, U-Boot (12 bis) ou encore Belem (Glénat), le travail artistique d’ambiance était salué par les critiques. Et cet album ne déroge pas à la règle. Le détail des navires et l’ambiance navale en général sont extrêmement bien transmis au lecteur. Malheureusement, le détail des personnages et le scénario n’ont pas assez de relief. On aimerait ressentir de l’émotion avec les personnages. Ressentir la tristesse et l’impuissance d’un père voyant son fils quitter la maison pour servir dans l’armée d’occupation. On aimerait ressentir le sentiment d’invincibilité du capitaine de vaisseau et de ses hommes de quart dans l’antre de la passerelle du HMS Black Prince. Hélas, l’émulsion ne prend pas et c’est bien dommage, car l'idée est excellente. L’éditeur Glénat publie trois albums le même jour de sa nouvelle collection dédiée aux Grandes batailles navales avec Delitte à la barre. Il faudrait réajuster la mire de quelques degrés seulement pour toucher la cible.