L'histoire :
Vallée de la Marne, 1916. Il y a deux ans, en août 2014, le plan Schlieffen a anticipé une invasion éclair de la France et a prévu d’atteindre Paris en passant par la Belgique. Face à la menace teutonne et au recul de l’armée française, le gouvernement a précipitamment quitté la capitale pour se réfugier à Bordeaux. Un mois plus tard, les boches ont presque réussi leur coup. Mais Joffre et Gallieni se sont aperçus que l’aile gauche ennemie, composée de seulement 400 000 combattants, étaient étirée sur le front de l’Alsace et de la Lorraine. Le 5 septembre, l’ordre est donné aux soldats de faire demi-tour et de repartir à l’attaque. Pendant une semaine, plus de deux millions d’hommes s'affrontent dans les vallées de la Marne, occasionnant des pertes monstrueuses dans les deux camps. Mais cette contre-offensive s’avère payante : les Allemands font marche arrière et s'enterrent dans les tranchées. Pour tenir le coup, les soldats boivent du vin, c’est le vin de poilus. Gaston, vigneron, trinque avec les autres bidasses, en chantant haut et fort : « Vive le Pinard c’est de la vinasse ». Le vin permet de garder le moral, de combattre le désespoir et d'entretenir le fol espoir d’une victoire face aux allemands...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le vin et la guerre ont été intiment liés lors de la Grande Guerre. Au cours de cette guerre de position dure et âpre, il a permis aux soldats français de lutter contre leur désarroi. Le breuvage est infâme, on le nomme dans des termes peu élogieux : Vinasse et Piquette. Il a néanmoins coulé à profusion dans les rangs français. Paraît-il que les officiers avaient droit au Bourgogne. Pourtant, la Champagne, terrain de bien des combats, regorge de merveilles effervescentes... Dans les tranchées, le vin est source de querelles et de rivalités de clocher autour de la question : où produit-on le meilleur vin ? Une question qui alimente encore les conversations de nos contemporains, dans la joie et la bonne humeur. Corbeyran nous conte avec son habituelle plume une histoire à tiroirs dans la Grande Histoire et éclaire nos lanternes (ah, le mercanti personnage-phare des tranchées qui ramène tout ce qui manque, dont bien sûr le vin... et les femmes qui éduquent les enfants dans les caves rémoises). Il se sert de ce contexte pour alimenter les questions sociales autour du vin et de sa production. C'est un véritable album militant sur la thématique du vin, dans lequel les soldats venus des quatre coins de la France font face à des problématiques et des difficultés communes. Au dessin, Lucien Rollin illustre avec justesse ce récit qui ne manque pas de corps avec un trait direct et empreint d'émotions. En fin d'album, un cahier explore le vin des poilus pour prolonger l'album.