L'histoire :
A Aix-La-Chapelle, en l'an 814, Charlemagne est étendu sur son lit. Il donne à l'un de ses proches des consignes sur la manière dont le vin doit être stocké, transporté, protégé, afin qu'il finisse par approvisionner correctement les domaines royaux. L'empereur est un grand amateur. Autour de lui, on se souvient de son jugement très juste lorsqu'au retour d'une campagne il suggéra de planter des raisins sur le versant particulièrement bien exposé d'une colline. Autour d'un repas, ce soir-là, Eginhard et ses amis partagent des souvenirs marquants, comme la mésaventure sur les terres du seigneur Waldemar. Charlemagne venait d'envoyer ses émissaires ordonner que l'on cesse de fouler au pied les raisins, que l'on utilise plutôt des pressoirs mécaniques regroupés dans chaque paroisse. Deux voisins nommés Baldrick et Gervin commentent la nouvelle. Ils ne s'aiment pas beaucoup, Gervin regardant le descendant de saxons comme un parvenu et un menteur. Pourtant ce dernier produit un vin particulièrement bon, qui attire la convoitise d'un riche jeune homme, par ailleurs tombé amoureux de la jeune Alwine, fille du vigneron. Mais les rivalités sont telles qu'une dénonciation va provoquer un drame.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce serait parce que l'empereur a ordonné qu'on plante des vignes de Chardonnay à Corton que la ville produit aujourd'hui un grand vin banc nommé Corton-Charlemagne. Dans ce nouveau volume de Vinifera, Eric Corbeyran nous donne plusieurs exemples du rôle que Charlemagne a joué dans le développement du vin, en France mais aussi le long des rives du Rhin qui appartenaient à l'empire carolingien. Il y a forcément une petite intrigue pour accompagner la pédagogie historique, cette fois autour d'une jalousie entre voisins et de rivalités amoureuses. Le récit fonctionne bien jusqu'à sa chute plutôt sympathique et inattendue. Il est illustré avec soin par Brice Goepfert, dans un style que l'on pourrait qualifier de parfaitement Glénat. Il rappelle les grands récits historiques qui ont fait la réputation de la maison d'édition Quelques visages font penser à André Juillard de l'époque des Sept Vies de l'Epervier, tous comme certains paysages délicats avec des arbres en contre-jour. C'est donc joliment illustré et plutôt agréable, et comme toujours cela donne envie d'aller voir de quoi on parle. Mais aïe aïe aïe, le Corton Charlemagne n'est pas pour toutes les bourses...