L'histoire :
Le regard de la société sur l'adolescence s'est considérablement enrichi, désignant désormais les différentes catégories d'âge et les différents comportements de ces jeunes adultes. Les Tweens pour les filles entre 8 et 12 ans, ou les Tanguy pour ceux qui restent chez leur parents bien au-delà de l'âge raisonnable. L'évolution de la société a rendu le passage de cette étape de la vie bien plus complexe, exposant les jeunes garçons et filles à plus d'autonomie que dans les sociétés les plus anciennes. Il est loin le temps des grecs où la société prenait en charge ses jeunes adultes de manière collective. Aujourd'hui, le passage à l'âge adulte s'accompagne bien plus souvent de difficultés d'insertion dans la vie active, sans la reconnaissance sociale attendue. Les jeunes gens prennent alors de plein fouet le contraste entre leur volonté de s'affirmer individuellement et la vision d'un avenir extrêmement complexe où ils ne seront pas forcément bien accueillis. La tenue vestimentaire, la volonté d'être populaire auprès de ses congénères, les premières expériences amoureuses sont alors autant d'aspects de la construction des adolescents. Vouloir se distinguer tout en restant très semblable à ses amis, affirmer son indépendance face à une société dont on subit de plein fouet le consumérisme à outrance. Le tout dans un contexte familial dont les repères sont bien plus flous qu'il y a une ou deux générations...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouvel opus de la Petite Bédéthèque des Savoirs consacré à l'adolescence est à déconseiller aux... adolescents. Une évidence qui apparaît dès que la préface de David Vandermeulen est terminée, et qu'on entame la lecture du livre. Les pages très érudites du directeur de la collection relativisent intelligemment le propos, en expliquant que des sociétés anciennes n'accordaient aucune valeur particulière à ce qui était considéré comme les premières années de l'âge adulte. L'auteur David Le Breton en revanche aborde très vite les aspects les plus caricaturaux des ados, et laisse l'impression étrange que les jeunes garçons et filles qu'il décrit sont essentiellement des victimes naïves de la société de consommation. Le dessinateur Pochep n'aide pas vraiment à relativiser le regard porté sur ces jeunes garçons et filles, en multipliant les visages boutonneux et les silhouettes qui se ressemblent trait pour trait. Une grande partie de ses cases sont constituées de personnages sans visage, des contours simplifiés et pixelisés qui ne donnent aucune envie de prendre le temps de la lecture. L'auteur tient pourtant des propos intéressants sur le regard que portent les jeunes adultes contemporains sur leur place dans la société, ou sur la spécificité de l'époque actuelle pour cette classe d'âge particulière. Mais la volonté de couvrir beaucoup d'aspects aussi bien individuels que plus largement en lien avec la société rend le propos confus et laisse parfois réellement perplexe. A aucun moment, il ne semble faire le lien entre les adultes d'aujourd'hui et les ados d'il y a quelques années, comme si ses ados étaient à jamais appelés à rester en dehors du monde, perdus entre leurs tatouages et leurs clichés vestimentaires.
