L'histoire :
Sisco, alias Sisco-Castiglioni, reçoit un ordre de mission on ne peut plus clair concernant un certain Saint-Servan, conseiller élyséen convoqué par les juges. Ce dernier doit annuler l'interview prévue avec une journaliste d'investigation, et renoncer à dire ce qu'il sait sur une mystérieuse affaire « Patel ». Mais l'entrevue avec Saint-Servan tourne mal et Sisco abat d'une balle dans la tête le conseiller, puis maquille le tout en suicide. Malheureusement pour l'agent secret, un laveur de vitres a tout vu de la scène et s'enfuit précipitamment lorsque Sisco l'aperçoit. Dès lors, notre « héros » n'a plus d'autre choix que de se lancer à la poursuite de ce témoin gênant, tout en répandant sur sa route de nombreux éléments destinés à accréditer la thèse du suicide…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur le plan du format, de la maquette, de l'esthétique, cette nouvelle série d'espionnage se présente très classique (en sus d'une très belle couverture). Dans la veine d'un nombre croissant de héros évoluant au cœur de l'actualité, les auteurs tissent de manière fort professionnelle une intrigue assez originale, puisqu'elle nous introduit au cœur de services secrets de notre bon vieux palais présidentiel. Pas de paysages américains approximatifs, comme dans les séries mal documentées, mais de bonnes vieilles rues parisiennes avec leur cortège de voitures, reproduites avec la rigueur qu'apporte le dessin réaliste d'après photos. La froideur n'est d'ailleurs pas que dans les décors, puisque notre personnage principal semble faire preuve d'un cynisme et d'un recul rares sur les évènements. C'est d'ailleurs là que se situe l'originalité de cet album : le « héros » est un affreux tueur sans états d'âme. Le lecteur se trouve donc pris entre la proximité que les auteurs créent avec Sisco et la tendance normale que nous aurions à défendre le débonnaire laveur de carreaux, ou la journaliste d'investigation qui cherche à connaitre la vérité. Agréable à lire, l'album utilise sans vergogne les poncifs du genre (la secrétaire est séduite par Sisco, qui est un vilain macho), mais ne bouleverse pas l'ordre établi (dans le style tueur froid, on est loin du choc créé par Le Tueur de Matz et Jacamon). Il reste à savoir si le jeune scénariste Benec a prévu de nous manipuler plus en aval, en nous faisant passer du « bon coté » lors du prochain album, ou en apportant un supplément d'âme au bellâtre en armes de ce premier opus. A voir dans quelques mois…
