L'histoire :
Hastings rencontre par hasard John Cavendish, un vieil ami du comté de l’Essex, plus vieux que lui, mais chez qui il avait passé des vacances, étant jeune. John lui raconte que sa belle-mère s’est remariée précipitamment avec un affreux bonhomme de vingt ans son cadet, parent éloigné de sa gouvernante. Il invite le capitaine Hastings à passer quelques jours dans la demeure famille, Styles Court. Hastings fait la rencontre d’Evie, la gouvernante, très remontée contre Alfred, le nouveau mari de sa patronne. Au moment du thé, Lady Cavendish, heureuse de revoir Hastings, est la seule détendue, alors que ses beaux-fils, sa gouvernante et la femme de John, Mary, sont glacés de dédain pour Alfred Inglethorp, qui fait tout de suite une détestable impression à Hastings. Ce dernier, véritable cœur d’artichaut qui avait été subjugué par la beauté de Mary Cavendish, est cette fois ensorcelé par Cynthia Murdoch, la jolie infirmière de la maîtresse de maison. Alors que les jours suivants, l’ambiance continue de se tendre à Styles Court, Hastings fait la rencontre fortuite de son ami le célèbre détective Hercule Poirot, qui loge près de Styles Court. Heureuse rencontre, car dès la nuit suivante, Mrs Inglethorp / Cavendish est assassinée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Premier roman d’Agatha Christie, La Mystérieuse affaire de Styles est publié en 1920, trois ans après avoir été écrit. Il a 100 ans cette année. C’est aussi le cinquième tome de la collection Agatha Christie des éditions Paquet, avec d’autres belles réussites. Chaque tome change d’auteurs, et c’est désormais le duo Jean-François Vivier et Romuald Gleyse qui se charge d’adapter cette histoire de famille sombre. Le scénario de base est complexe à souhait, avec des couples croisés, des remariages, des inimitiés… et bien entendu un empoisonnement. C’est la spécialité de la reine du crime, qui a été engagée pendant la grande guerre comme infirmière volontaire. Jean-François Vivier séquence bien le scénario original. Ce n’est jamais facile d’adapter en bande dessinée le mécanisme d’horlogerie d’un roman policier, d’autant que Hastings, le narrateur, intervient beaucoup. C’est là que le bât blesse puisqu’il y a beaucoup de dialogues et de récitatifs qui nuisent à l’ambiance. Ambiance encore, mais visuelle. La ligne claire de Romuald Gleyse est magnifique, fine et précise, les couleurs de Patrick Larme vives et chatoyantes. Et pourtant le lecteur reste sur sa fin, car l’ambiance générale, sensée être pesante, avec un climat lourd de suspicion permanente, n’est pas au rendez-vous : le rendu est doux, beau, léger et ne colle pas à ce que l’on pourrait attendre d’une adaptation d’Agatha Christie. Reste les belles vignettes et les paysages, beaux comme du Hergé, mais souvent trop petits, mangés par les phylactères… Dommage.