L'histoire :
Le détective belge Hercule Poirot est en voyage à Jérusalem. Tandis qu’il ferme la fenêtre de sa chambre, il surprend une phrase d’une conversation entre un frère et sa sœur, venant du balcon du dessous. « Tu vois bien qu’il faut la tuer, non ? » Poirot préfère aller se coucher, ignorant que ces deux-là parlent de tuer leur propre mère, devenue une véritable tortionnaire. Un peu plus tard, le docteur Gérard, éminent psychologue, fait la connaissance d’une jeune femme dans le bar du même hôtel. Sarah King vient elle-même de terminer ses études de médecine et s’apprête, tout comme lui, à partir en excursion en Jordanie, sur le site de Pétra. Dans cette salle, s’installe également la famille américaine Boynton, composée d’une mère au faciès rougeoyant et gonflé, et de ses deux grands enfants, Carol et Ray. Sarah les a déjà beaucoup observés, notamment parce qu’elle n’est pas insensible au charme du fils, Ray, qui a à peu près son âge. Et l’emprise stricte de cette mère tyrannique sur ses deux enfants la révolte. Elle s’épanche à distance sur ce sentiment auprès de son nouvel ami, le docteur Gérard, avant de prendre congé. Arrive enfin une connaissance des Boynton, Mr Cope. Après avoir échangé quelques mots avec la rombière, en passant, il s’en va prendre un verre avec le Dr Gérard et complète à son attention l’histoire de cette incroyable famille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rendez-vous avec la mort est un polar classique d’Agatha Christie (1938), mettant en scène son fameux détective Hercule Poirot (pour la 18ème fois). Comme tout polar christiesque qui se respecte, une équation narrative stricte et quasi mathématique est mise en place et reproduite ici par son adaptateur, Didier Quella-Guyot. Il y a le descriptif d’une situation tendue, un crime évident, plusieurs suspects potentiels, une analyse méticuleuse des alibis, des motifs et des emplois du temps de chacun. Puis, comme solution à cette équation, au terme d’une batterie de témoignages, de confrontations diverses et d’un sens imparable de la déduction, Poirot incrimine évidemment le bon coupable. La narration repose donc sur des palabres et des descriptions, sans la moindre scène d’action ou montée d’adrénaline pour divertir le lecteur autrement que via sa capacité à vibrer devant un thriller tordu. A quatre reprises, les auteurs nous gratifient heureusement d’une case pleine page, en guise de respiration. Quella-Guyot parvient fort bien à réinjecter tous les ingrédients essentiels, même si cela se fait parfois de manière peu naturelle (quel curieux besoin a Mr Cope de décrire dans le détail le passif intime de la famille Boynton auprès du Dr Gerard ?). Le travail d’adaptation de Quella-Guyot n’est pas en cause : c’est bien le roman lui-même qui force un tantinet la dose à ce niveau. Pour le reste, il y a pire comme cadre : les premières pages se passent à Jérusalem, puis le gros de l’intrique se déroule à côté du site de Pétra, en Jordanie. Désert, vieilles pierres et soleil étouffant servent donc le dessinateur Marek pour varier les situations lumineuses dans lesquelles Poirot déroule son enquête, selon une griffe semi-réaliste classique et appliquée. Un (très court) cahier graphique (3 illustrations) parachève cet album initialement paru en 2013 chez Emmanuel Proust, dans la collection Agatha Christie (tome 24).
