L'histoire :
Eugène, ancien DJ, à l’hygiène de vie douteuse, vit dans une caravane, avec sa mère, aigris et peu reconnaissante envers son fils. Le gamin n’a pas eu une vie facile. Il en a pris, des tartes dans la gueule. Il est devenu un peu... sanguin. Un Jack Daniel dans le cornet, à jeun dès le matin, et c’est parti pour une journée de plus ! Il fait partie de la fameuse équipe des pillards de scènes de crimes. Eugène a purgé sa peine en prison. Il raconte. La zonzon, ça laisse des traces ! Tous les jours, tu apprends la survie. Le quotidien en cellule a un prix qu’il faut payer très cher ! La liberté conditionnelle l’oblige à bosser pour ces crevures, mais il n’a pas droit à l’erreur, sinon retour à la case… prison, sans passer par la case départ. Il ne sait pas grand-chose de ses comparses, on ne parle pas de ça, ici. Chacun a un passé, sûrement lourd pour en être là, mais on ne demande pas, ça ne se fait pas. Alors tous les jours, il retrouve ses collègues nazes et l’entrepôt miteux. Il visite les maisons, il les vide, il pille et rebelote. Mais y a quand même un hic : le boss réclame toujours une certaine bague. Il menace les gars de ne plus les payer si elle ne réapparaît pas. Où est donc passée cette maudite bague ?! Il ne peut faire confiance à personne. Tout le monde est suspect et encore plus ces couillons qui bossent avec lui. Ils se regardent tous en chien de fusil et ne manquent pas une occasion de se chamailler. Les coups et les insultes fusent. Pourtant, ils doivent faire équipe pour retrouver le bijou. Or à vouloir remuer la merde, on a vite fait de s’y embourber...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce tout dernier (ouinnnn) tome, Julien Monier et Gaet’s nous présentent de façon précise et détaillée comment brûle un corps dès les premières pages. Let’s go, le décor est planté ! Le duo de choc sévit pour la dernière fois sur RIP, avec ce nouvel opus consacré à Eugène. On a adoré découvrir chaque personnage au fil des tomes. Toutes ces histoires qui s’entremêlent plus ou moins ont un lien, ou un p’tit truc qui se retrouve dans la suite, sans pour autant jamais spoiler. C’est aussi fort qu'ingénieux ! Belle prouesse scénaristique de Gaet’s, il faut l’avouer, car tout est bien ficelé et le suspens reste intact. Le dessin de Julien Monier est toujours aussi profond, sombre, glauque, tout comme il faut. On imagine que ça va désormais leur manquer de dessiner des macchabés. On devine une certaine satisfaction à écrire et décrire la puanteur et l’horreur. Jubilation assurée pour le dessinateur qui se fait plaisir avec un graphisme qui plonge très rapidement le lecteur dans l’ambiance. Et puis c’est addictif. Que le lecteur soit fan ou non du lugubre et des mouches, quand il commence à lire RIP, il ne peut plus s'arrêter. Cette aventure intense de 6 ans se conclut donc bien et c'est une sortie très attendue à chaque rentrée depuis septembre 2018. Pari gagné pour l'éditeur Petit à Petit, qui se prête au jeu et savoure. On apprécie aussi les pages noires (elles aussi) qui parsèment la lecture, parées de citations, dictons, extraits de chansons. Petit clin d'œil des auteurs à d’autres qui, par leur travail, portent l'inspiration. On est triste que ce soit (déjà) la fin.