L'histoire :
Dans un royaume où les sujets sont condamnés à l’immortalité, Zorn et Dirna sont deux jumeaux capables de donner la mort, en touchant en même temps leur victime. Ce pouvoir unique est très recherché, car la vie éternelle peut parfois s’avérer pire que l’enfer : des âmes de décapités cohabitent parfois dans un même corps, tandis que d’autres subsistent sous forme de charognes rapiécées… Pour tenter de mettre fin à ces souffrances, Zorn et Dirna se rendent au palais du roi, avec pour objectif de libérer la grande faucheuse emprisonnée dans une psyché. Ils sont accompagnés et protégés par leurs parents qui, au gré de leurs aventures, ont été transférés dans des corps ne leur appartenant pas. En effet, l’âme de Splata, leur maman, se trouve dans le corps d’un gros barbare plein de muscles ; tandis que l’âme de leur papa, Seldnör, est contenue par l’enveloppe charnelle de leur pire ennemie, Kérozinn, capitaine d’une meute de guerriers impitoyables. Chemin faisant, ils ignorent qu’ils sont suivis de près par Geuner le gitan, recousu de partout et consolidé par un exosquelette, qui veut sa vengeance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toujours aucun temps mort dans le déroulé de la saga gore-bondissante-fantastique de Zorn et Dirna ! Le scénario de Jean-David Morvan est en effet une nouvelle fois dense, complexe, cohérent et original. Il ne se résume pas à une addition de péripéties et de giclées de viscères : cette évocation de l’immortalité permet au scénariste de jouer subtilement avec une formidable palette de corollaires (la différenciation de l’âme et du corps, l’insupportable condition d’immortel…). L’une des séquences d’anthologie consiste cette fois en une scène d’amour entre un homme contenu dans un corps de femme, et une femme contenue dans un homme (inédit !). Mais les auteurs n’oublient pas pour autant l’un des fondamentaux de la série, l’aspect gore. On assiste ainsi au retour du gitan Geuner, rapiécé après avoir été découpé en petits morceaux (à la fin du tome 3), pour un assaut ultime (semble t-il…) ! Au château, la folie du roi, en proie à son insupportable condition, permet d’en savoir plus sur l’origine des jumeaux… Les flashbacks apportent ainsi, doucement mais sûrement, leur lot de révélations. Cet avant-dernier épisode prépare le terrain pour une grande confrontation finale, qui promet d’être jubilatoire. Sur cette partition réjouissante, Bruno Bessadi s’éclate visiblement. Il livre des planches chiadées dans leurs moindres détails (décors, persos, mouvements, bastons, cadrages…), et Christian Lerolle joue au mieux avec les ambiances. Aujourd’hui dans le 9e art, rares sont les aventures de cette ampleur, qui bénéficient d’une telle constance et méticulosité au fil de leur déroulé. A n’en pas douter, au terme des 6 tomes, la saga s’inscrira comme une épopée majeure de chez Soleil (dans la lignée des UWO, Lanfeust, Kookaburra…)…
