L'histoire :
Le jour s'est déjà levé lorsque Kyles Barnes est réveillé par des tambourinements à sa porte. Il se lève péniblement et traverse les couloirs et les pièces de sa maison en désordre. À la porte se trouve sa sœur Megan. Elle est venue chercher son frère pour le sortir un peu de chez lui et l'emmener faire des courses. Entre une enfance tourmentée et une séparation forcée d'avec son épouse et leur enfant, le moral n'est plus là pour Kyle. Alors qu'il charge les commissions dans le coffre de la voiture, le Révérend Anderson vient à sa rencontre. Après avoir pris quelques nouvelles, le religieux lui demande de l'aide. Adolescent, Kyle a vu sa mère possédée par des démons et, sans trop savoir comment, il a pu la libérer partiellement de l'emprise. Le Révérend est aujourd'hui face à un cas très difficile et souhaiterait l'aide de Kyle car, selon lui, il n'y a pas de hasard à ce que tous les deux se soient croisés en ce jour. Tous les deux se rendent chez une famille dont le fils aîné souffre, semble t-il, de possession. A peine Kyle est-il entré dans la chambre, que l'adolescent dit le reconnaître et le surnomme le banni...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2002, lors de la parution des premiers épisodes de Walking Dead aux USA, personne ne pouvait se douter que cette série mettant en scène des survivants au lendemain d'une apocalypse zombie deviendrait un tel phénomène éditorial et télévisuel. Son scénariste, Robert Kirkman, a su trouver un angle suffisamment original pour que des non-amateurs de récits horrifiques se prennent au jeu et plongent dans cet univers. Alors que l'auteur a multiplié les séries avec plus ou moins de succès – Invincible ou Le maître voleur sont de vraies réussites – il n'avait plus osé explorer le registre horrifique. A l'occasion de la New-York Comic Con en 2013, Robert Kirkman annonce la sortie prochaine d'Outcast, un titre où il sera question de possession démoniaque. Quelques mois après la parution américaine, les éditions Delcourt proposent la série aux lecteurs français. Dès les premières pages, l'atmosphère est pour le moins lugubre. Le dessin de Paul Azaceta évoque tour à tour Chris Samnee, Butch Guice voire Michael Lark par instant. L'encrage est très soigné et le travail sur les ambiances est assez incroyable. Le visuel est pleinement au service d'une histoire qui vous saisit dès les premières pages. Que ceux qui ont encore leurs culottes détrempées à la vision de L'exorciste, [Rec] ou même du récent Insidious s'accrochent car ils ne manqueront de sursauter durant la lecture. Robert Kirkman utilise la même narration que sur ses autres séries. Il se focalise sur très peu de personnages et dévoilent progressivement leurs traumas passés. Kyle est un héros torturé et ambigu. Le scénariste n'hésite pas à lui faire subir des épreuves insupportables pour finalement lui offrir des capacités peu communes lui permettant de se confronter aux démons. Les rapports de Kyle avec les femmes qui ont gravité autour de lui sont bardés de faux-semblants et de malaises. Le Révérend Anderson est lui aussi intrigant et certaines de ses décisions ou actes ne sont pas vraiment très respectables. Le côté religieux et puritain de la société américaine a de quoi frémir avec Outcast qui réussit le tour de force de captiver comme avait su le faire Walking Dead en son temps. Si l'on ne sait pas encore si le succès sera aussi grand, l'adaptation en série télévisée est déjà en cours. Une réussite aussi effrayante qu’envoûtante.