L'histoire :
Ce quatrième numéro contient :
- Minutemen (épisode 4/6) : Le Hibou et son ami apprennent une terrible nouvelle : la Silhouette a été assassinée. Holis Mason se souvient du passé et du fait qu’il l’aimait quand il était jeune. Au moment où il lui avait apporté des fleurs pour faire sa déclaration, il l’avait vue avec une autre femme ! A l’époque, la presse s’empara du scandale et la Silhouette fut exclue du groupe des Minutemen. Pourtant, elle continuait à travailler secrètement avec Holis pour faire justice en ville. L’assassin qui a refroidi Silhouette et sa compagne s’appelle le Liquidateur.
- Le Hibou (épisode 3/4) : Le Hibou retrouve difficilement la Dame du Crépuscule. Il lui demande alors de l’aide sur l’affaire des meurtres de call-girls. Elle l’amène chez Carlos Onofrio, un colombien qui gère un réseau de prostitution. L’interrogatoire est très musclé car les hommes de Carlos tentent de protéger leur boss. Le Hibou obtient quelques informations précieuses et revient voir son informatrice. Elle joue de ses charmes et Dan est totalement déboussolé…
- Ozymandias (épisode 3/6) : Le justicier cherche toujours le juge masqué responsable de la mort de sa compagne. Cependant, dans une de ses chasses nocturnes, il tombe nez à nez avec le Comédien. Les deux héros se font face et battent très rapidement. Ozymandias parvient à repousser le Comédien mais les deux combattants sont si doués que personne n’arrive à l’emporter. Ozymandias oublie vite cet incident quand il apprend qu’un surhomme est en ville : le Dr Manhattan.
- Rorschach (épisode 2/4) : Gravement blessé, Rorschach se rend dans son café habituel mais ne parvient même pas à manger tant ses blessures le font saigner. C’est à peine s’il peut écrire son journal intime. Une seule chose le préoccupe : retrouver Crâne Cru, le parrain qui l’a laissé pour mort en le faisant tabasser. Pour se venger, Rorschach fait passer un message fort en punissant les hommes de main de Crâne Cru. La guerre est déclarée !
- Dr Manhattan (épisode 2/4) : Depuis l’accident dans le laboratoire, John Osterman oscille entre deux vies : celle où il est un physicien et celle où il est Dr Manhattan. Amoureux de Janey, il la demande en mariage. Leur histoire est totalement idyllique mais le Dr Manhattan n’est jamais très loin et semble totalement détaché de ces évènements.
- La malédiction du corsaire sanglant (deuxième partie) : Gordon tente d’échapper au mauvais sort de la sorcière Dame Juju. Le vaisseau fantôme accoste sur une île mais les vagues détruisent le navire. Gordon s’échappe et parvient à sauver le bébé d’une jeune noire, N’Tunga.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La préquelle des fameux Watchmen continue chez Urban Comics. Quelques personnages et séries sont mises de côté pour un temps : exit Le Spectre Soyeux et Le Comédien. Du coup, le tome compte moins d’épisodes mais chaque histoire est plus longue et du coup plus prenante. Seule la dernière, La malédiction du corsaire sanglant, se réduit comme peau de chagrin. Les épisodes sont donc beaucoup plus développés et l’on creuse considérablement la psychologie des personnages. Ainsi, l’on assiste aux premiers pas amoureux de Dan, à la souffrance d’Holis Mason, aux ambitions démesurées d’Ozymandias, à la soif de vengeance de Rorschach et à la schizophrénie du Dr Manhattan. Cette fois, le personnage phare de ce tome est le Comédien (même si sa série est mise de côté dans cet opus) : il apparaît dans chacune des séries (ou presque) et y fait des interventions détonantes. Il a aussi le droit à sa couverture en version couleur par Jae Lee ! Cet opus est remarquable à plus d’un titre : c’est non sans émotions qu’Urban Comics rend hommage à Joe Kubert qui réalise ses toutes dernières planches avant de disparaître dans la série Le Hibou. A noter qu’il est remplacé haut la main par Bill Sienkiewicz. De plus, certains épisodes offrent des passages marquants : ne manquez pas le face à face musclé entre Ozymandias et le Comédien, la déchéance de Rorschach ou la beauté vénéneuse de la Dame du Crépuscule. La palme revient toutefois à J. M. Straczynski qui pratique un véritable exercice de style avec l’épisode du Dr Manhattan. Tentant de mimer la transformation lente du personnage, le récit est éclaté en deux d’une façon exceptionnellement brillante et intelligente. Seule ombre au tableau : l’histoire de John Higgins est un fatras de mauvais goût et de macabre. Heureusement, l’ancien coloriste de la série matrice offre de belles planches sombres à souhait. D’ailleurs, les dessins de chaque épisode sont toujours de qualité et collent parfaitement à la thématique : Darwyn Cooke peint à merveille cette époque délicieusement rétro des Minutemen, Joe Kubert montre la crasse de la ville tandis que Lee Bermejo va encore plus loin dans le cauchemar visuel et l’horreur des personnages. Adam Hugues a un style dépouillé mais qui s’allie parfaitement au personnage de Manhattan, simple mais terriblement profond. Jae Lee se surpasse avec des couleurs sublimes et des décors grandiloquents… à l’image de l’omnipotence d’ Ozymandias. Un numéro qui apporte de l’épaisseur aux personnages inventés à l’origine par Alan Moore.