L'histoire :
Lorsqu’ils entrent à l’école primaire, les enfants se font injecter un vaccin qui prévient certaines maladies et infections. Cet évènement, appelé « vaccination pour la prospérité nationale », a un autre but que d’empêcher l’apparition de maladies infectieuses. En effet, une seringue sur mille contient des nano-machines spéciales : ces dernières vont se propager dans le corps de la personne et, une fois l’individu ayant atteint un âge entre 18 et 24 ans, vont causer la mort du porteur. Personne ne sachant s’il a ou non ces nano-machines en lui, les gens vivent donc leurs premières années sans savoir s’ils mourront jeunes ou pas, ce qui est censé leur transmettre « la valeur de la vie » et permettre à la société de vivre en harmonie. A 25 ans, Fujimoto se rend à la mairie pour y travailler en tant que livreur de l’ikigami, l’avis de décès à remettre aux porteurs de nano-machines 24 heures avant leur mort. Pour mieux comprendre son métier, il a le droit à une formation et, l’une des personnes qui suit le même cours que lui s’insurge contre l’absurdité de la loi et de la « vaccination pour la prospérité nationale ». Ce dernier est aussitôt interpellé par la sécurité et se fait injecter des nano-machines. Fujimoto et les autres sont prévenus : les employés de la fonction publiques ne sont pas autorisés à critiquer la loi ni à tenir des propos subversifs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le très bon Heads, Motorô Mase nous revient avec ce manga d’anticipation dont l’intrigue fait froid dans le dos : un vaccin est inoculé aux enfants et certaines doses contiennent des nano-machines qui causeront la mort de la personne un peu moins d’une vingtaine d’années plus tard. Fujimoto est un employé de mairie chargé de livrer l’ikigami, un préavis de mort qui annonce aux gens qu’il ne leur reste que 24 heures à vivre avant que les nano-machines ne les tuent. Au travers de sa formation, on découvre petit à petit le fonctionnement de la société et de la distribution des vaccins et, dans le même temps, on observe la réaction des personnes qui reçoivent l’ikigami. Et c’est d’ailleurs cela qui fait tout l’intérêt de ce titre car le comportement humain révèle des côtés sombres et chacun réagit à sa façon lorsqu’il apprend qu’il n’a plus qu’une journée devant lui : vengeance, peur, introspection… L’histoire est très intéressante et bien menée, et les dessins ne font que renforcer l’intérêt du récit : personnages aux traits plutôt réalistes et variés, nombreux décors (parfois fabriqués à partir de photos), tramage soigné, découpage travaillé… On regrette tout de même des erreurs flagrantes dans la traduction lorsqu’on voit par exemple « 9 PM » devenir 19H au lieu de 21H, ainsi qu’une qualité d’impression assez moyenne (l’encre bave sur pas mal de pages). Mais le propos est tellement fort qu’on oublie ces détails bien vite. Comme l’explique d’ailleurs la postface, si l’aspect politique est important et pose des questions sur notre société actuelle, le plus important pour l’auteur reste la réaction des gens lorsqu’il ne leur reste plus que quelques heures à vivre. Un récit captivant pour des graphismes de bonne qualité : voici un très bon démarrage !
