L'histoire :
En octobre 1812, une troupe de 6 rescapés – 4 soldats, un médecin et une comtesse russe aveugle – avance péniblement à travers les longues plaines enneigées de Russie. Moscou est désormais loin derrière eux, et ils ignorent où se trouve le « gros » des troupes napoléoniennes devant eux. Jean-Baptiste Grassien, le médecin, est isolé en tête : il rumine sa vengeance envers Clément Morlaix de Guérigny, traitre et responsable de la mort de Philippe, son meilleur ami. Ils font halte chez une petite vieille, un peu inquiétante, qui cuisine tranquillement pour le reste de sa famille : des macchabées alignés dans la neige. Sordide. Ils repartent rapidement. Plus loin, ils évitent un campement russe et tombent dans le guet-apens tendu pas un cosaque isolé. Celui-ci fera subir une douloureuse expérience au jeune infirmier Aymond Passart, qui ne s’en remettra pas. Véritable leader de la troupe, Jean-Baptiste le venge lors d’un violent corps à corps, mais un coup de feu alertera les russes : la petite troupe française est attaquée. La jeune comtesse « libérée », les deux français rescapés sont neutralisés. Ils sont trainés 5 jours durant jusqu’au petit village de Novgora, où ils resteront emprisonnés longtemps, très longtemps…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le synopsis de cette trilogie historique prend pour cadre et pour sujet la débâcle napoléonienne de Russie, en 1812. On y suit un groupe de soldats français qui, après la prise facile de Moscou (en fin d’été), font leur retour hivernal, isolés, vers un occident espéré plus radieux. Historiquement, ils n’étaient pas vraiment 10 : les troupes impériales françaises comptèrent au mieux plus de 770 000 hommes au départ vers Moscou, soit la plus grande armée jamais rassemblée. Dans son récit, Eric Stalner montre le harcèlement sporadique des cosaques, la rudesse de températures hivernales et la difficulté d’emporter des blessés dans ces pénibles conditions de repli. La petite troupe qu’il nous est donné de suivre s’élime plus encore de ses membres : Ils étaient dix au premier tome, mais ils ne sont déjà plus que 6 à l’entame du second… et cet effectif s’érode plus que sévèrement au terme de ce second volet. Définitivement affranchi de la fastidieuse étape de l’encrage, le dessin de Stalner semble y gagner plus encore en réalisme. Les décors de neige et les enchevêtrements de branchages, ainsi que la présence d’une comtesse russe, finissent d’ajouter la touche romantique, accordant une dimension tolstoïenne idoine au récit. Le scénario se déroule néanmoins de manière très linéaire, donnant l’impression d’une improvisation permanente : ces héros ne savent vraiment pas ce que le lendemain et la page suivante leur réservent. Comme pour éviter le sentiment de stagnation, Stalner accélère d’ailleurs son curseur en fin de tome : 7 ans se résument en 2 pages. Un opiniâtre dessein reste néanmoins à être accompli, qui fera l’objet du dernier opus…