L'histoire :
Les Allemands se préparent à une vaste offensive : bombarder Paris. Pour ce faire, le jeune lieutenant Rotiger, ancien instituteur passionné de littérature, est nommé responsable de l'opération. Il va donc commander la pièce d'artillerie la plus imposante de l'empire du Kaiser : des obus Rochling qui mesurent pas moins de 2m59 et qui pèsent plus de 200 kg ! Pendant ce temps, le médecin militaire Louis Bouteloup est à l'arrière, soigné dans un hôpital. Défiguré par une grenade, il doit subir une intervention chirurgicale au visage. L'aumônier Maudet a secondé le lieutenant Bouteloup. Il veut à tout prix sauver son ami et fait venir le médecin Finquetti, alors que celui-ci est au front. Il a pour mission d'opérer le lieutenant. Une opération qui s'annonce délicate...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La fin de la première guerre mondiale se clôt souvent sur l’heure des bilans avec des chiffres terribles sur le nombre de victimes ou de blessés dans les deux camps. Dans ce bilan, s'ajoute souvent le thème des gueules cassées et des mutilés de guerre. Ambulance 13 ne pouvait pas passer à côté d’un sujet aussi important et finit son cycle sur une analyse froide et dure des sacrifiés de la grande guerre. C’est d’ailleurs le choc d’emblée, puisque le personnage principal, Louis Bouteloup, est lui-même devenu une gueule cassée, défiguré par un éclat de grenade. Les auteurs abordent très bien le côté angoissant et traumatisant du soldat mutilé. A tel point que Louis refuse de voir qui que ce soit. En parallèle, on retrouve les autres personnages encore engagés dans les combats ; et l’aumônier « Satan » prend une nouvelle dimension. Les thèmes de la série reviennent malgré tout assez rapidement : les manipulations de la hiérarchie militaire, sans oublier une histoire d’amour qui atténue la violence du propos. Louis continue à être le mouton noir de l’armée et même cloué au lit, il est toujours sous le coup de la colère des officiers. Porte-parole de l’humanité et des droits de chacun, le médecin est aussi la voix de Patrice Ordas qui dénonce les difficultés d’une guerre infernale. Alain Mounier est toujours efficace dans son dessin, proposant des contrastes entre scènes de guerre violentes et scènes calmes et apaisantes à l’arrière. Le destin de plusieurs personnages est dorénavant scellé, alors que la guerre touche à sa fin. Comme un symbole, cette série intelligente se conclut sur un cahier explicatif illustré de dessins et de photos sur une dimension finalement peu connue de la période : l’évacuation et le traitement des blessés.
