L'histoire :
En février 1916, le sous-lieutenant Charles-Louis Bouteloup, chirurgien de profession, s’apprête à intervenir avec son « ambulance 13 » sur l’un des pires carnages guerriers : la bataille de Verdun. Pour l’heure, il accueille un visiteur inattendu : un journaliste américain qui veut rendre compte dans son pays de la violence des combats, afin de précipiter l’intervention des siens. Il a apporté un appareil photo révolutionnaire : il tient dans la poche et imprime ses clichés sur une pellicule souple. Il a aussi un message pour Bouteloup : son amie religieuse, Isabelle de Ferlon, s’apprête à être jugée pour intelligence avec l’ennemi et elle sera certainement condamnée à la peine capitale… à moins qu’il ne vienne témoigner en sa faveur. Mais encore faudrait-il qu’il survive à l’assaut allemand imminent. Pendant ce temps à Paris, Emilie Sanzay, amie de Bouteloup, reçoit la visite inattendue d’une scientifique appelée Marie Curie. Celle-ci est en train de mettre au point une machine à rayon X, qui permettrait de voir les dégâts faits à travers le corps humain sans avoir besoin de l’ouvrir. Une pareille machine éviterait bien des décès dans les ambulances mobiles sur le front des tranchés. Marie Curie a besoin d’Emilie pour qu’elle en dessine un prototype présentable afin de séduire les investisseurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un premier cycle parfaitement documenté, romancé et dialogué (avec les expressions d’époque), donc très convaincant, Ambulance 13 repart de plus belle dans un second mouvement. L’intention narrative reste portée sur un regard didactique de la Grande Guerre à travers le prisme médical. En première ligne, le héros chirurgien Bouteloup s’apprête chronologiquement, cette fois, à vivre l’enfer de Verdun. Les scénaristes font un focus nécessaire sur cette boucherie, sans épargner le lecteur. L’image du preux héros en prend un coup, lorsque le besoin de représailles s’empare de lui et de son groupe : il cède un moment à la folie sanguinaire et abandonne son brassard médical pour éradiquer du boche. Puis en marge des horreurs quotidiennes sur le front, deux autres fils narratifs s’intéressent aussi à la parisienne Emilie, qui est visitée par une certaine Marie Curie (voir résumé), et plus largement au procès de sœur Isabelle. Cette religieuse est en effet suspectée d’intelligence avec l’ennemi – à raison, quoique bien involontairement. Cette affaire permet à Patrick Cothias et Patrick Ordas d’aborder la Guerre par le prisme des décisions politiques prises à l’arrière du front. Le dessinateur Alain Mounier met à nouveau ses talents artistiques au service de ce récit réaliste de fiction. Parfaitement à l’aise en toutes situations, les automatismes de son trait peinent juste à différencier en détails les visages de certains protagonistes (Bouteloup et Seagul l’américain, par exemple). La série s’inscrit néanmoins dans un travail de Mémoire remarquable, à la veille de la grande commémoration qui se prépare pour le centenaire.