L'histoire :
Zlabya, fille du rabbin et maîtresse du chat, se marie. Le chat n’arrête pas de râler, le rabbin se renfrogne et souffre en silence. Ces deux-là accompagnent le nouveau couple à Paris, où Zlabya va rencontrer sa belle-famille. Mais ils ne sont pas vraiment à leur place dans ce voyage de noce et dans cette ville qu’ils ne connaissent pas. Même les juifs qu’ils rencontrent leurs sont étrangers. Alors, restés seuls après une dispute, isolés de tout ce qu’ils connaissent, ils vont vivre ce qu’ils n’ont jamais vécu : dormir dans une église, se lier d’amitié avec un chien, dîner dans un restaurant non cachère, passer une audition dans un music-hall…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un autre scénariste aurait peut-être fait de ce récit un parcours initiatique, bourré d’intentions et de significations. Sfar a la finesse et l’habileté de ne rien en faire et de s’effacer devant ses personnages. Ceux-ci (à l’exception notable du jeune rabbin, qui manque d’épaisseur) crèvent la planche tant ils sont vivants, qu’ils soient au centre de l’album ou de quelques pages seulement. Cette vie jaillit de la justesse des situations et des dialogues. Elle doit aussi beaucoup au graphisme qui capte parfaitement les humeurs des personnages et l’atmosphère autour d’eux. Le dessin a d’ailleurs sa vie propre. Sfar y met nombre de détails qui donnent une grande richesse au récit sans pour autant y contribuer directement. Au chapitre des regrets, on pourra juste mentionner deux des dernières planches, qualitativement en retrait par rapport au reste de l’album. Mais après tout, les quarante-quatre autres en valent bien quarante-six.