L'histoire :
Le rabbin, Malka, Bénédiction et el Rebiboh évoquent la Grande Guerre. « Les moments où les vieux racontent leur guerre, écoutez-les bien, car en général, ils ne répètent pas deux fois » explique le Chat. Pour El Rebiboh, « à Paris, on n’est plus juif, on n’est plus noir. Nous, on ne parle que de musique. J’ai une guitare comme les autres et Bénédiction aussi. On fait la queue à Blanche, parfois on nous prend, parfois non. De temps en temps on joue ensemble, et parfois on rentre bredouille ». Le Malka, quant à lui, ne veut pas faire la guerre : il est charge d’âme. Il a un lion et il ne peut pas le laisser seul. Aussi, il ne partira pas au front sans lui. Bénédiction et El Rebiboh se souviennent : « on s’est aperçu qu’en temps de guerre, nous cessions d’être ni juif ni noir. L’Algérie a beau être un territoire français, on nous a renvoyés là-bas. Pour faire la guerre aux côtés de nos congénères, chez les goumiers et les tirailleurs ». Ils pensaient mourir et ne plus se revoir. Dans les tranchées, les officiers « envoient tout le monde à la charcute… mais quand même nous d’abord ». Les soldats d’Afrique du Nord sont en première ligne...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nom d’une babouche ! Le Chat apprend qu’il n’est pas l’unique félin à porter le sobriquet de Chat du rabbin. Scandale ! En effet, lorsque son ami le rabbin évoque ses souvenirs de la Grande Guerre, il explique avoir eu un autre chat avant lui. Trahison. Un chat rouge, offert par Zlabya, afin qu’il ne soit pas triste de partir au front. Grâce à de minutieuses recherches et les rares documents qu’il a pu trouver sur le thème, Joann Sfar parvient à reconstituer un épisode peu connu de la Première Guerre mondiale dans un scénario rythmé. Et les plus « chanceux » des goumiers et tirailleurs survivants, partaient se geler vers Odessa (ville portuaire au Sud de l’Ukraine), où les massacres de communistes et d’anarchistes se perpétraient dans les rues. Basculer d’une horreur à l’autre, jusqu’à la mutinerie des soldats français sur le bateau. L’auteur alterne la violence des combats avec les remarques du chat dans tous ses états. Ainsi, il donne le sourire au lecteur malgré la gravité du sujet abordé. La lecture est instructive pour les passionnés d’Histoire, même si la déception pointe de ne pas voir l’irrévérencieuse bestiole au cœur du récit, comme dans le précédent tome. Tantôt narrateur, tantôt acteur, le Chat « dramaQueen » du 9ème art reste toutefois un vecteur solide pour faire passer les messages chers et récurrents aux yeux de son créateur.