L'histoire :
Le chat ne s’approche pas trop de l’eau salée. Les amis sont tous réunis à ses côtés pour célébrer le nouvel an juif, Roch Hachana. Jusqu’à ce qu’ils entendent « sales juifs ! ». Le chat toujours aussi vif, dit que croire en Dieu c’est aussi faire des trucs ridicules en son nom, comme agiter des pans de vêtement vers la mer pour que le Mal s’en aille. Pour une fois, le rabbin lui donne raison. « Retournez chez vous ! », entendent-ils alors. M. Vastenov n’énerve, il est retenu par le rabbin et le peintre, mais le Malka frappe l’homme qui a prononcé ces paroles, puis le jette à l’eau. Les autres ne tardent pas à le suivre. Ainsi, le rabbin, le peintre, le mari de Zlabya elle-même sont dans le même bain ! Le chat et le lion, en observateur sur la rive, se sentent vaguement coupables de ne pas être intervenus. Alors ils se rapprochent au plus près de l’eau et rugissent ensemble. Au lieu d’agiter leurs franges, ils se sont tous mis à l’eau, l’année commence avec ses bénédictions. Le mari de Zlabya a fait sa tête avec un seul sourcil, ce qui ne présage rien de bon… Aussi, il a pris une décision : partir en Israël avec femme et enfants !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous retrouvons le chat philosophe et son regard posé sur la discorde entre les religions. Le thème est plus en profondeur, dans la mesure où il est question d’exode vers un autre pays afin de se préserver des menaces antisémites rencontrées en Algérie. Chacun y va de sa vision d’Israël, de ses expériences passées là-bas. Du décret Crémieux de 1870 au kibboutz en Galilée, en passant par l’enterrement de M. Mouchnino en Égypte, une épopée en Terre promise décrite par les uns et les autres qui convergent en un point, l’éternel débat sur la posture à adopter pour essayer de garder son essence spirituelle sans être persécuté. Juif du futur, juif du passé… Au final chacun créera son idéal. Le chat se montre un peu plus effacé qu’à l’accoutumée, mais toujours aussi piquant. Sfar nous propose un bon dans le temps, puisque Zlabya, son mari, les enfants, les petits enfants et le chat ont passablement vieillis. La robe rouge et jaune de Zlabya reste intemporelle ; le chat presque un immortel. Ce tome marque semble-t-il un tournant dans les aventures du chat, qui ronronne plutôt bien et qui explore autant que faire se peut les problématiques inhérentes à la religion, sans se renouveler vraiment. Même si les tomes sont de consistance inégale, le plaisir de retrouver cette bestiole impertinente est lui, intact. Enfin, bien que sa personnalité graphique, nettement identifiable, ait fait sa renommée, le sentiment que Joann Sfar dessine à la hâte comme dans un carnet de croquis est fort. Ainsi les traits, les phylactères, et la dimension des cases sont peu soignés. Et la fidèle collaboration de Brigitte Findakly (Les coquelicots d’Irak) pour la mise en couleur nous plonge dans cette atmosphère méditerranéenne. Aussi, rentrez chez vous pour lire ce 10ème tome ! Et préparez-vous pour le tome suivant, avec la jeunesse qui prend le relais. Chuuut… vous en saurez bien assez tôt.