L'histoire :
Le rabbin se souvient. Il se souvient de sa femme Zlabya, petite encore, le chat dans ses bras. Il se souvient de son silence, de l’incapacité qu’il a de dire à sa fille que sa mère est morte. Et pourtant il est rabbin. Il prononce des discours devant de nombreux fidèles, il dit ce qui est permis et ce qui est interdit. Surtout ce qui est interdit, note le rabbin, beaucoup d’interdits dans sa religion. Lui-même, en tant que veuf, ne peut pas vivre sa vie comme il l’entend. La petite, elle, veut garder son chat. Son père se dit que le dieu des juifs est un sacré blagueur, qui met toujours à l’épreuve ceux qu’il aime, d’Adam et Eve à Abraham. Et lui donc, à qui il prend sa femme. Et le chat s’incruste. Zlabya lui dit qu’il a neuf vies, alors le rabbin accepte de garder le chat. L’animal va mettre de l’animation dans la maison, et Zlabya va grandir. Elle commence à s’intéresser aux garçons, et la réciproque est vraie. Ça gêne et agace le rabbin. Mais la grosse difficulté va venir encore du chat, qui va avaler le perroquet...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce 9ème tome des aventures du chat amoureux, Sfar continue d’utiliser des ingrédients qui fonctionnent bien : l’histoire racontée par le Malka des lions, avec des échanges savoureux entre le vieux conteur et les enfants, mais aussi l’amour et la jalousie du chat pour Zlabya, les relations tendrement tendues entre le père rabbin, qui passe son temps à expliquer les secrets de la vie à ses ouailles, mais qui est incapable de gérer sereinement les rapports avec sa belle et jeune fille... La reine de shabbat est un flashback dans lequel on retrouve le rabbin accablé par la perte de sa femme et qui n’arrive pas à en parler à sa fille. Elle est grande, désormais, et veut s’affirmer. Elle va donc quitter le domicile familial, dans un accès de colère et d’indépendance dont on la sait capable. Le titre est un jeu de mots entre la fête juive de fin de semaine (Shabbat) et La Reine de Saba, mythique reine des récits sacrés des trois religions monothéistes. Toujours avec beaucoup de finesse, Sfar interroge la place des femmes dans la religion juive et la recherche de l’égalité. C’est un choix fort à un moment où, malgré le sens de l’Histoire, les femmes sont en difficulté en France. Sa magnifique Zlabya, avec son caractère fort et iconoclaste, bouscule les codes et entraîne le lecteur avec elle. Le dessin est égal à lui-même : coloré et avec beaucoup de mouvements. Beau, agréable, vif et intelligent, c’est clair, c’est du Sfar.
