L'histoire :
Le propriétaire de BD Boutik, la librairie spécialisée en bande dessinées, est souvent surmené par le flot incessant des nouveautés. Les piles de cartons s’amoncèlent… or il a parfois à peine le temps de les ouvrir, qu’il faut déjà en retourner d’autres en invendus, afin de laisser la place aux nouvelles nouveautés (sic). Et c’est encore plus déprimant quand la pile d’invendus dépasse celle des nouveautés. Avec tout le boulot que cela lui procure, il peine à tout lire afin de conseiller le client de son mieux. Sans compter que parfois, le client est exigeant, ou fétichiste, ou encore hardu à cerner… La forte croissance du marché, l’amplitude des publics et ses incessantes mutations requièrent beaucoup de facultés d’adaptation. Bref, c’est un métier de fous… mais tellement passionnant !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les abonnés du Journal de Spirou et les internautes habitués du site BDzoom s’en repaissent chaque semaine : le strip vertical de Salma et Libon, singeant les travers et les bienfaits du monde fabuleux de la bande dessinée. La BD qui parle de BD, ça n’est pas tout à fait nouveau, mais quand c’est bien fait et franchement hilarant, on aurait tord de s’en priver. Ici, le scénariste Sergio Salma cerne tous les compartiments de ce secteur économique porteur, qui a la côte depuis de nombreuses années. Imaginez : une croissance annuelle à deux chiffres pendant près de 15 ans, jusqu’à atteindre le chiffre record de 4863 BD éditées en 2009 (merci Gilles Ratier) ! Salma s’amuse donc diversement des modes, de la passion dévorante que le médium suscite souvent, du fétichisme des collectionneurs, des lectorats-types, des techniques marketing ou du rapport que la BD entretient avec les autres arts (cinéma, télévision, littérature, peinture)… Le personnage récurrent du libraire surmené sert gaiement, quant à lui, la problématique des libraires confrontés, certains mois, à un turn-over frénétique en matière de production (septembre-novembre) et, à d’autres périodes de l’année, à un calme plat exaspérant (juillet). La démarche prouve une parfaite connaissance de ce secteur de l’édition, à la croisée des sphères artistique et marketing, avec tout ce que ses implications ont de réjouissant et d’agaçant. Le tout est servi par le trait caricatural de Libon, dont les silhouettes déjantées renforcent idéalement le burlesque des situations. Au final, ce (premier ?) recueil de strips tout en hauteur, grisera les gros bédéphiles, qui partageront 100% de ces stigmates (tout en se bidonnant), et il instruira assurément les autres…
