L'histoire de la série :
Qui est exactement Suzan Fitzroy ? La jeunesse de cette charmante jeune femme donne des cheveux blancs à plus d’un service de contre-espionnage… En effet, née Shania Rivkas, elle est la fille naturelle d’un biogénéticien estonien qui a raté son passage à l’ouest et l’a payé de sa vie. Après avoir échappé à la mafia russe, après avoir survécu en devenant voleuse de haut vol dans les palaces londoniens, elle a finalement été adoptée par James Fitzroy, un diplomate américain, qui en a fait sa plus proche collaboratrice. Si ce dernier connaît tout du passé tumultueux de la jeune femme, il ignore en revanche qu’elle a été recrutée par « Orion », qui la contraint à travailler pour une mystérieuse organisation anti-terroriste sous le nom de Lady « s »…
L'histoire :
Shania-Lady S se retrouve prisonnière (avec l'agent Youri, son nouveau compagnon) du groupe terroriste de Simon, le fils d'un haut cadre du Mawali, désormais Premier ministre. Simon est devenu islamiste et contrôle la région Nord, le Bohuri, où l'on a découvert le métal rare que veulent exploiter les USA et la Chine. Le groupe terroriste a pris en otage des lycéennes. Voulant éviter un massacre, Shania propose à Simon de lui laisser une partie des médicaments qu'elle doit livrer à des centres de soins pour le compte de l'association Action 19 et du Tramadol, une substance moins « légale ». Comme annoncé par Shania, un commando armé arrive pour une offensive libératrice, qui réussit à emmener les lycéennes ainsi que Shania et Youri, blessé mais vivant. Au réveil de Shania, le « Centaure » est là : il lui propose de continuer son action humanitaire dans le but de convaincre Simon de laisser l'exclusivité de l'extraction du Samarium aux USA. C’est alors que Conrad, l'agent secret noir, ex compagnon de Shania, réapparaît brièvement comme un des rouages agissant dans l'ombre, ainsi que Youssef, un homme de main chargé d'accompagner Shania dans l'opération. Lady S va se jeter encore une fois « dans la gueule du tigre ». La peur au ventre à juste titre, elle va se rendre sur place dans un convoi de camions escorté par l'armée de Mawali, un peu trop voyant. Shania pressent le danger… elle a raison !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Laurent-Frédéric Bollée, le nouveau scénariste depuis le tome précédent, s'est bien intégré à l'univers créé par Jean Van Hamme. Au point de faire réapparaître le personnage du « Centaure », mais aussi de transformer le rôle de Conrad. Il imagine une histoire aussi retorse qu'auparavant, mais qui cette fois, se développe sur deux tomes, à la manière de Largo Winch. L'intrigue, bien tenue et menée, alterne dialogues et action sans ennui. Shania devient cependant par instants plus pensive et même désabusée devant tous ces drames et les situations dans lesquelles elle est ballottée. On a ainsi des cases et parfois même des planches entières muettes, illustrant son état d'esprit, ses souvenirs, ses regrets. Ces (rares) pauses, loin de ralentir le rythme, donnent une respiration bienvenue, d'autant que le lecteur peut partager pleinement les pensées de Shania. Concernant le dessin, Philippe Aymond est toujours aussi précis, efficace, lisible. Cela fait longtemps qu'il maîtrise le style réaliste, aussi à l'aise dans les intérieurs ou l'immobilité que dans l'action, les grandes scènes. La nouveauté de ce diptyque tient peut-être dans une plus grande place à l'ombre, au noir, dans le ton des deux albums. Les couleurs de Meephe Versaevel vont dans ce sens : les séquences de nuit, d'enfermement, permettent ce contraste qui tranche avec le soleil d'Afrique. Lady S fait partie de notre paysage de la BD de genre, une valeur sûre, une série dont on ne s'étonne plus qu'elle reste à un excellent niveau. Pourvu que ça dure !