L'histoire :
Au cours d’un vernissage, le milliardaire Largo Winch est tombé éperdument amoureux d’une jeune beauté libanaise, Saïdée. Il ignore évidemment qu’il s’agit d’un piège, car cette dernière est un agent triple. D’une part, elle s’est engagée à commettre un attentat suicide, avec une ceinture d’explosifs, pour le compte d’un imam radical. Tuer Winch, représentant du grand capital à visage humain, servira la cause salafiste. D’autre part, elle a infiltré ce groupe islamiste pour le compte de Reynolds, un dirigeant de la CIA… lui-même manipulateur des islamistes et corrompu par un mafieux russe ! Tous ont un intérêt à ce que l’attentat se produise et tue réellement Largo Winch. Or il semble que Saïdée soit, elle aussi, vraiment tombée amoureuse de Largo. Pour éviter qu’elle ne lui révèle tout, la voilà prisonnière de Reynolds. Saïdée aux abonnés absents, les salafistes sont donc obligés de trouver un plan B pour exécuter Winch dans la douleur. Reynolds leur propose de placer la bombe dans le socle d’une statue que Largo vient juste d’acheter à son amie sculptrice Domenica Leone, sous les feux médiatiques. Alors que se fomente ce complot, Largo accueille la future présidente de la Winch Merchand Fleet, une hollandaise athlétique ; Pennywinckle et Cochrane poursuivent chacun de leurs côtés leurs frasques sexuelles parallèles ; Silky appelle Simon à Londres pour s’amuser un peu ; et Saïdée s’évade…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Largo Winch menacé par des islamistes radicaux, eux-mêmes plus intéressés par l’argent que la religion : voilà un contexte réaliste particulièrement en phase avec notre actualité brûlante. Certes, pour cette seconde partie de diptyque, le scénariste Jean Van Hamme dépeint des intentions vénales vraiment caricaturales, et il en rajoute des louches dans les sentiments que partagent Largo et Saïdée… Ach zé choli l’amourrr. Mais au moins, son diptyque est-il une nouvelle fois parfaitement agréable à suivre, admirablement narré et rythmé (comme toujours chez Van Hamme), dans la parfaite continuité de cette série culte grand-public. On note aussi deux divergences par rapport aux précédentes aventures en diptyque du milliardaire aventurier. Primo, Largo reste particulièrement plan-plan et passif dans les deux tomes. Pas la moindre course-poursuite, galipette, exercice physique, coup de poing… Au sommet de ses cascades, il se fait cuire des œufs sur le plat. Même la séquence « chaude » du volume est assurée par un autre protagoniste. Largo serait-il en pré-retraite de l’action ? Une cure de Guronsan® est préconisée. Heureusement, le dessin de Philippe Francq demeure léché et équilibré aux petits oignons. De fait, l’œil se délecte de chaque décor et des grandes cases spectaculaires. Deuxio, la fin du diptyque de termine par un « à suivre » qui en étonnera plus d’un ! Effectivement, tous les fils de l’intrigue, plus proche du thriller d’espionnage que du thriller affairiste, ne sont pas résolus. Sans doute un prochain diptyque permettra d’exploiter plus longuement la filière mafieuse russe, et – espérons pour le lecteur – de manière plus musclée pour Largo. Sans doute aussi ce tome lui permettra de trouver la juste maturité dans sa relation avec la belle Saïdée. Alors, mariage ou enterrement ?