L'histoire :
Largo Winch a accepté de faire un bon spatial de quelques minutes, au-delà de la stratosphère terrestre, en compagnie de son concurrent dans le milieu de la new-tech écologique, le milliardaire Jarod Manskind. Hélas, les activistes écologiques de We Blue sont parvenus à prendre le contrôle des commandes de leur navette. Après avoir failli manquer d’oxygène, Largo et Jarod se réveillent de leur perte de connaissance en apesanteur, avec leur retour imminent en chute libre à gérer. Les commandes de l’appareil ne répondent plus, ils vont s’écraser dans 240 secondes. Au Space Center, c’est la panique, mais personne ne peut rien faire. Jarod a une idée : il y a un parachute dans la soute. Il l’installe sur le dos de Largo, espérant le sauver lui seul. Mais au moment d’ouvrir la trappe de secours, Largo accroche Jarod avec lui, à 8 secondes du crash. Et tandis que la navette s’écrase au milieu de la réserve naturelle de Yosemite, Jarod et Largo largués se posent plutôt tranquillement sur un surplomb rocheux. Au centre de contrôle et dans le bus des éco-terroristes, on se doute qu’ils ont survécu car leurs traceurs GPS sont toujours activés. Largo et Jarod se lancent dans une randonnée de descente, en conjecturant sur les raisons potentielles de cet attentat…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’action monte encore d’un cran dans cette suite et fin de diptyque. Nous avions abandonné notre « philanthrope milliardaire » Largo à la fin du précédent tome dans une sacrée mouise : en manque d’oxygène en apesanteur, au-delà de la stratosphère, sur le point imminent de revenir se crasher sur terre à la vitesse de Mach 7 (8643 km/h… soit 2,4 km/ seconde !). Après un court flashback dans l’adolescence de son nouvel ami Jarod, le désormais scénariste Eric Giacometti reprend donc l’action pied au plancher… Et ça ne s’arrêtera pas, jusqu’à la résolution complète de l’aventure. Au cœur de l’intrigue, il est question de la sincérité de Jarod : est-il un altruiste pionnier ou un doux-dingue rêveur autocentré ? Giacometti s’est-il inspiré de l’authentique Elon Musk et de ses multiples conquêtes dans la new-tech (spatiale, réseau sociaux, voiture électrique…) pour recentrer Largo dans notre époque ? Car aujourd’hui, les milliardaires ne font plus rêver ; le monde espère et redoute à la fois qu’ils s’investissent dans la transition écologique. La fortune du « centile » (les 1% les plus riches de la planète) au service de la sauvegarde de l’humanité, est-ce souhaitable, est-ce réalisable ? Les auteurs en profitent pour montrer que l’éco-terrorisme n’est pas une solution très constructive. Surtout, le dessinateur Philippe Francq prouve une nouvelle fois toute l’étendue de son talent réaliste. Les décors sont d’autant plus majestueux (surtout au milieu de Yosemite) qu’ils se complètent des couleurs contrastées de Bertrand Denoulet et des modélisations 3D de Jean-Michel Ponzio.