L'histoire :
C'est l'effervescence à l'hôpital : on taille les haies, on repeint les murs, on balaie, on nettoie… Arrivée sur place, l'infirmière apprend de ses collègues qu'un important homme politique vient le lendemain pour une visite officielle. A cette occasion, le directeur de l'établissement exige que tout soit parfait et que personnels et patients soient irréprochables. Le jour suivant, le ministre, entouré de garde du corps et de journalistes, débarque. Le directeur commence la visite par le service des urgences. Dans ce service, le ministre découvre une équipe souriante et décontractée qui ne semble pas débordée de travail. Normal, puisque durant toute la visite, l'équipe des urgences n'accepte plus de patients : ils risqueraient de salir, alors que le service vient juste d'être nettoyé de fond en comble ! Le ministre découvre ensuite une jeune maman radieuse alors qu'elle a mis au monde un petit bambin il y'a tout juste deux heures. C'est en fait la technicienne de surface qui joue le rôle de la mère, car la vraie n'est pas assez présentable. La visite continue en direction des cuisines : le ministre découvre un menu cinq étoiles qui lui met l'eau à la bouche, mais il ignore qu'il s'agit du menu du directeur et non celui des patients. La visite se poursuit ainsi et tout le monde fait semblant que tout va bien dans le meilleur des mondes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Déjà 23 ans que Raoul Cauvin et Philippe Bercovici sévissent avec leurs gags sur le quotidien des établissements hospitaliers, de manière humoristique et cynique. Précurseurs en la matière, ils furent les premiers à créer une BD dont le héros est une profession et non un personnage type, bien avant que cela ne devienne à la mode (cf. le vaste catalogue humoristique de chez Bamboo). Néanmoins, après 31 albums, l'humour n'est plus aussi grinçant qu'à ses débuts. Les historiettes se basent la plupart du temps sur des faits réels intéressants (visite d'un homme politique, opération en apesanteur…) ou donne des conseils sur des accidents de la vie courante ou la nourriture et ses dangers. La lecture est généralement très agréable, mais la « bonne » chute est rarement au rendez-vous, comme si l'auteur peinait à finir ses histoires. Cette absence de chute est une carence indéniable au plaisir du récit. On trouve également quelques gags d'une page, ces gags souffrant de la même pathologie que les historiettes, à savoir un encéphalogramme final plat (amplifié par la brièveté de l’exercice, qui ne profite pas d'un développement suffisant pour rattraper le coup). En définitive, on peut trouver mieux au pays du gag en une planche. Pourtant, dans le registre de l’humour professionnellement sectorisé, cette série pionnière se situe clairement dans le haut du pavé. La présence de personnage récurrent y est sans doute pour beaucoup…