L'histoire :
En 1785, un jeune couple, Baptiste et Agnès, sont spectateurs de l’entrée dans le port de Nantes du Saint-Remy, une caravelle de retour du Nouveau Monde. Baptiste a une envie folle d’émigrer, comme l’a fait jadis son grand-père. Assurément la fortune sourirait plus à la famille sur ce territoire où tout est possible, plutôt que de rester dans leur logement sordide où s’entasse chichement la famille. Mais pour son père, c’est un refus catégorique. C’est un pays de marais, de maringouins et d’indiens. Le souvenir des guerres contre les anglais est resté gravé dans la mémoire familiale. Le grand-père raconte comment ils ont été emprisonnés, rapatriés en Europe, comment les enfants sont morts de malnutrition… Mais le grand-père dit aussi que la situation a désormais changé : la Louisiane est aujourd’hui un territoire espagnol, des catholiques, comme eux. Il est possible de vivre dans les bayous en bonne intelligence avec les indiens. Un réel dilemme se pose donc à la famille. Pendant ce temps, dans la région des grands lacs, Benjamin et Louise accompagnent une délégation indienne pour entamer des pourparlers avec les shawnees. Il est urgent que les nations indiennes s’allient plutôt que de se faire la guerre, pour résister à l’invasion de ceux qu’on appelle désormais les américains…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quatre ans après la sortie du 21ème épisode de cette fresque historique, l’une des plus longues à encore se poursuivre au sein de la collection Vécu de Glénat (avec Les aigles décapitées), les destins de plusieurs protagonistes s’entremêlent toujours en un récit choral. Nous sommes désormais en 1785, soit juste après la reconnaissance britannique de l’autonomie américaine au terme d’une guerre de 7 ans (signature du traité de Paris le 3 septembre 1783). D’un côté, la famille française Guillau veut retourner sur le Nouveau Monde, pour fuir leur misère nantaise. Ils palabrent beaucoup sur ce sujet, avec de gros dilemmes. Pendant ce temps, en Louisiane, l’un d’eux, Eloy, fait la connaissance d’Ecureuil, le métis qui vit une vie de trappeur dans les bayous. Celle-ci est tourmentée par un conflit avec un cruel propriétaire esclavagiste, durant lequel Ecureuil fait la connaissance de Perrine Larivière, une jeune femme noble (de cœur et fortunée). Mais la suite de leur histoire sera pour un prochain tome. Le lecteur suit aussi les (plus que) houleux pourparlers entre nations indiennes, par l’entremise de Louise et Benjamin, que nous abandonnons en milieu d’album dans une situation plus que critique… sans les revoir. Bref, la fresque documentaire est toujours l’axe de développement du couple de scénaristes Charles, mais celui-ci demeure très patchwork. On a le sentiment de s’attarder sur des moments de vie secondaires, alors que le sel de la narration avance via des ellipses parfois brutales (ex : entre la p.17 et la p.18) ; puis de sauter du coq à l’âne via un empilement de séquences distinctes. Au dessin, Ersel livre régulièrement de très belles cases, et fournit ainsi une fresque historique aussi crédible que documentée… Mais les perspectives sont parfois ratées (l’arrivée de la barque p.39), ainsi que les visages des protagonistes figés et monocordes.
