L'histoire :
Nous sommes à l'été 1775, toujours dans un coin sauvage du nouveau monde. Les années ont passé. Benjamin Graindal a adopté la petite métisse Amélie, que sa compagne Louise a eu avec l'indien Sha-Kah-Tee. Il fait prospérer aujourd'hui une fermette et un moulin isolés dans la vallée bleue, la « factorerie ». Il décide un beau jour d'emmener sa petite famille à la ville, afin de discuter avec le gouverneur de petits soucis locaux, mais aussi... d'officialiser son mariage devant Dieu ! Au cours de leur périple, ils font étape chez leur ami trappeur Antoine. En cachette des femmes, pour ne pas les inquiéter, celui-ci informe Benjamin qu'un mauvais vent martial souffle sur leur époque. Les patriotes américains comptent affronter les troupes loyalistes, avec pour idée central le rattachement de force du Québec à l'Union. 2000 miliciens venant de New York ont d'ores et déjà progressé à pied vers la Belle Province, sous les ordres du général Montgomery. Or ce qu'Antoine et Benjamin ignorent, c'est que parmi les bougres qui se battent du côté des américains, se trouvent Billy le Nantais et Lafleur. Un front se fixe rapidement pour s'emparer du fort Saint-Jean, à une journée de marche de Montréal...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 19ème opus des Pionniers du nouveau monde, l'une des plus longues séries de la collection Vécu de Glénat, ré-embraye après une ellipse d'une bonne dizaine d'années. Entre temps, on devine que notre couple de héros (Benjamin et Louise) a vécu de bien paisibles et belles années, prospérant en harmonie avec la nature et les indiens. Or si le récit de leur tumultueux destin reprend, c'est que le couple Maryse et Jean-François Charles, les scénaristes, ont décidé de leur remettre quelques sales coups du sort entre les pattes. Car l'année 1775 sur laquelle se focalise l'intrigue marque aussi les débuts de la guerre d'indépendance des Etats Unis, qui débuta par l'invasion du Québec par des rebelles américains. Nos héros vont évidemment se retrouver mêlés de près à ce conflit, divisés par des engagements inverses et de nouvelles tragédies. De fait, les Charles laissent un peu de côté l'axe documentaire sociétal, pour mettre en scène des pans authentiques de l'Histoire. A l'inverse du précédent volet, cet épisode ne manque donc pas d'action : plus les pages se tournent et plus la guerre fait rage, sur les flots, dans les villes, sur les barricades, dans de glaciaux camps de sièges. Les enjeux de cette guerre et les forces en présence manqueraient peut-être juste un chouya de limpidité. Les dialogues se montrent certes explicatifs, mais pas toujours fluides... Au dessin, le réalisme d'Ersel se montre idoine et très agréable quant aux décors, plus variés que jamais (oh des scènes de villes !), et les larges cases de mise en situation. En revanche, les personnages ne sont toujours pas son fort (Louise et sa fille sont sosies et il est difficile de distinguer un officier américain d'un officier anglais). Notons enfin qu'a contrario des Aigles décapitées qui a récemment curieusement changé de format, Les Pionniers conservent leur formatage estampillé Vécu (petit format, tranche grisée...).