L'histoire :
Dans les années 1760, sur le continent du nouveau monde. La taverne du fort de Chartres, dans l'Illinois, est un rendez-vous incontournable de trappeurs, de soldats et d'aventuriers de toutes sortes. C'est là que Benjamin Graindal, son fidèle indien Bee Bee Gun – benêt mais costaud – et leur ami Antoine font étape. Ce jour là, l'établissement accueille le trappeur Laclède et son fils Auguste, de retour d'expédition. Laclède revient avec un grand projet de développement et l'adresse à l'auditoire de tous ses confrères. Il pense qu'il est primordial d'installer un comptoir de traite au confluent du Missouri et du Mississippi. Il propose de baptiser ce point d'accès stratégique commercial « Saint Louis », en l'honneur du roi de France. Benjamin et Antoine sont immédiatement enthousiasmés par ce projet et décident de partir en campagne de chasse et de troc avec ce point de chute comme objectif. Pendant ce temps, dans la vallée bleue enneigée, la blonde Louise se découvre enceinte de Sha-Kah-Tee. Aujourd'hui, l'indien a rejoint les siens et Louise confie son état embarrassant à la squaw Petite Natte, en compagnie de laquelle elle attend le printemps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Les aigles décapitées, Les pionniers du nouveau monde est sans doute la série la plus prolifique de la collection Vécu de Glénat. Depuis le début, nous y suivons principalement le destin de trois aventuriers français, Benjamin Graindal, Louise et Billy le Nantais. Dans ce 18ème épisode, tout en continuant son discret travail de relevés des plans des ports des colonies anglaises, Benjamin redevient trappeur et rejoint par hasard Billy. Louise, elle, se découvre enceinte d'un indien, ce qui n'était évidemment pas un état rêvé pour une jeune femme à l'époque. Le couple Charles, qui se charge de cette série depuis ses débuts, poursuit la scénarisation de l'oeuvre selon un axe quasi-documentaire, s'efforçant de dépeindre par petites touches la culture et les moeurs de ces pionniers français. Ici, on s'interroge sur l'usage de la couleur bleue, issue de la culture d'indigo ; là on réfléchit sur la meilleure implantation colonialiste possible pour voyager plus loin dans la « sauvagerie ». Cet axe est certes louable, mais très lent et peu actif : à une brève attaque d'indiens près, il ne se passe pas grand-chose de très palpitant. En bref, il y a pas mal de documentation, mais peu d'idées. Le fait majeur reste les retrouvailles de ces trois groupes de protagonistes séparés depuis un grand nombre d'épisodes. Les crayonnés du dessinateur Ersel dans le cahier annexe final (pour fêter les 30 ans de la série !) montrent également la pleine étendue de son talent, auquel l'encrage final des 46 planches retire beaucoup de dynamisme. La mise en scène et les décors sont certes impeccables, mais l'expression des regards est souvent discutable et les attitudes des personnages semblent parfois figés. Ce qui, ajouté au plan-plan du scénario, ne plaide pas en faveur de la saga épique. Peut-être qu'une utilisation de la couleur directe rendrait un peu de vie à la série...