L'histoire :
Mai 1780. Une météo improbable assombrit quelques jours durant la Nouvelle Ecosse. L’indien Ecureuil et sa nouvelle compagne Rebecca, enceinte, vont se réfugier chez les parents de cette dernière, une famille d’anciens esclaves émancipés. Tous s’inquiètent car le comportement des animaux est également suspect, la lune est rousse et le ciel jaune… or aucune éclipse de soleil n’a duré aussi longtemps. Serait-ce le jour du jugement dernier ? Ces inquiétudes n’empêchent pas Ecureuil de poursuivre son engagement de loyaliste. En quelques jours de cheval, il rejoint Saint-Jean, dans la province maritime. Là-bas, il apprend les règles d’une nouvelle action avec son contact, un faux curé catholique, le père Anselme. Toute une organisation est en réalité au point pour permettre à des esclaves noirs d’être exfiltrés des territoires hostiles où ils se trouvent. Au même moment, sur les bords de la rivière Saskatchewan, Benjamin et Louise redoutent une attaque sur leur factorerie. Ils ont été obligés de la fortifier, par sécurité, invitant à l’intérieur de l’enceinte de palissades leurs alliés Crees et Assiniboines…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce tome 20 d’une série historique et emblématique du catalogue Vécu de Glénat, les intrigues repartent d’un nouveau pied, sur deux front alternées. D’un côté, nous suivons l’engagement et le périple d’Ecureuil, jeune indien qui œuvre pour l’affranchissement des esclaves noirs. De l’autre, nous assistons à l’assaut de la factorerie de Benjamin et Louise, par des iroquois haineux. Dessin et scénario montrent alors, de conserve, une grande force et une indéniable faiblesse. Il faut en effet reconnaître à la série, durant ce cycle actuel de publication, une approche quasi-historienne concernant les mœurs et les paysages d’une époque très excitante, le « nouveau monde », où tout reste à construire, sur tous les plans : social, économique, politique… En ce sens, les paysages, les larges plans panoramiques, les belles cases détaillées d’Ersel participent d’une œuvre réaliste réussie et assurément documentée. Dans les dialogues, quelques expressions typiquement québécoises (sans trop en faire) participent elles aussi à une immersion réussie. En contrepied, le rythme du scénario est très laborieux, les dialogues verbeux, et le dessin encré d’Ersel ne parvient décidément pas à rendre gracieux ou même distincts les visages des protagonistes. Graphiquement, père et fils semblent avoir le même âge, et rien ne ressemble plus à un indien qu’un autre indien (merci les peintures). Narrativement, on peine à assimiler dans quelles directions nous emmènent les auteurs. Mais la série a désormais trop duré pour s’arrêter… pourvu que le prochain parvienne à gommer ses limites.