L'histoire :
Louisiane, plantation Bayou Chaouis, en 1764. Benjamin n’arrive pas à faire le deuil de sa femme, Elisabeth McTavish. Il se recueille souvent sur sa tombe. Afin de retrouver la paix de l’âme, il décide de quitter la plantation et abandonne ainsi ses enfants à leurs oncles et tantes. Pendant ce temps, dans la vallée bleue de la Saskatchewan, Louise, surnommée Petit Homme et Sha-Kah-Tew, un guerrier Cree, naviguent sur le fleuve. Blessée à l’épaule droite à la suite de l’attaque des hommes du dangereux Crimbel, Louise parvient à s’échapper grâce à l’aide de son sauveur, Sha-Kah-Tew. L’Indien, dans un élan de générosité, veillera désormais sur Louise. Une aventure amoureuse semble se dessiner entre ces deux êtres que tout oppose : la culture, la langue, les traditions et les intérêts de leur peuple. Pendant ce temps, arrivé en Géorgie dans la ville de Savannah, Benjamin Graindal cherche à rencontrer Sean O’Brian, un négociant. Ce dernier lui confie la mission de relever les plans des ports des colonies anglaises, afin que les Français puissent aider les Anglais dans leur lutte pour l’indépendance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 17e opus, malheureusement, ne tient pas ses promesses. L’histoire ne décolle jamais et le procédé utilisé ici, celui des destins croisés, une mise en scène de différents points de vue, ménage un suspens de pacotille et apparaît finalement stérile. La narration ne fait que reproduire les poncifs et les préjugés les plus éculés à propos des Indiens, le plus souvent sauvages (Bee Bee Gun) et peu civilisés. Ils parlent un français minimaliste (« Petit Homme pas pleurer, Petit Homme pas une squaw ! ») et apparaissent souvent comme des brutes épaisses même si, parfois, ils souhaitent dialoguer avec les colons pour négocier. On apprendra aussi qu’il existe des Indiens méchants (un colon va être tué !) et des Indiens bienveillants (voir la scène au cours de laquelle le chef indien fait évader un prisonnier pour non respect des promesses tenues). Bref, l’ensemble manque de rythme et une analyse un peu plus poussée des relations entre colonisateurs et colonisés aurait sans doute été profitable. Au final, le récit est convenu et manque franchement d’originalité. Il finit de nous achever avec cette morale gnangnan : malgré leurs différences, ces peuples si dissemblables parviennent à s’entendre (voir la relation amoureuse entre Louise et l’Indien) mais l’Histoire va les dépasser (ils sont obligés de prendre des chemins différents). Le dessin d’Ersel sauve partiellement les meubles : quelques uns sont intéressants, notamment ceux présentant les grands espaces américains, ou certaines scènes d’actions détaillées. Mais la colorisation se révèle monotone et monocorde : trop de teintes sombres et un ensemble bien terne…