L'histoire :
Un groupe de résistants se réunit dans un hangar ferroviaire du Mans en octobre 1942. Ils ont appris que des trains bondés de juifs transitaient par leur région en direction de Drancy, pour être ensuite déportés vers des camps en Allemagne… et ils craignent de comprendre ce qu’il devient de ces gens. Ils veulent agir, saboter les lignes, mais leur réseau est trop peu étoffé. Ils seraient immédiatement révélés et arrêtés. L’idéal serait d’utiliser des complices qui passent relativement inaperçus comme… des enfants, par exemple. Un vieux cheminot pense alors aux gamins qui ont sauvé des œuvres d’art dans son train, deux ans auparavant. Il faudrait trouver un moyen de les contacter… Or au même moment, François discute par un système de télégraphe artisanal avec son copain Edmond, dont la famille habitant Bordeaux est ciblée pour être déportée. Inquiets, ils songent à s’enfuir en Espagne. Ils n’en auront pas le temps. La pression est en effet mise sur le préfet Papon pour augmenter les quotas d’arrestations dans la région bordelaise. Des rafles sont aussitôt organisées par la gendarmerie française…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les rails de la honte, c’est bien entendu le réseau ferroviaire français qui servit à déporter des centaines de milliers de juifs vers les camps de concentrations allemands, où ils étaient méthodiquement et rapidement éliminés. Quand le réseau papillon, qui réunit 5 adolescents dans la Résistance, comprend l’horreur, ils acceptent évidemment de se mettre en danger pour tenter de sauver des juifs via le sabotage de voies. Ils se sentent d’autant plus impliqués dans ce génocide en cours, que la famille de leur copain Edmond est juive et bordelaise… une ville administrée par un certain préfet appelé Maurice Papon. Bien que légèrement cousu de fil blanc et de facilités narratives, le scénario de Franck Dumanche et de Michel-Yves Schmitt met à portée des enfants la question de la déportation, sans verser dans le sordide. Il s’appuie comme à chaque fois sur le dessin de Nicolas Otéro qui ne se prive pas non plus de raccourcis graphiques osés : les cases les plus réussies sont celles qui sont le mieux recopiées depuis des photos (exemple p.31). Les plus ratées sont celles où la photo a été basiquement incrustée avec une dose d’encrage noir automatique sur Photoshop® (p.20, p.39). Et les personnages stylisés n’ont que peu d’expression, avec tous la même bouche en cul-de-poule quand ils parlent. Dommage, étant donnée la vocation pédagogique de cette série, qu’un sérieux effort de dessin n’ait pas été porté pour arriver à la cheville des cadors du registre : les Enfants de la Résistance ou La guerre des lulus.