L'histoire :
En 1866, dans un petit village minier du Colorado. McCaulky, l'homme de main de Mr. Mullins, le propriétaire de la mine d'or, rend une visite musclée à un ouvrier, Aurelio Cummings, en compagnie de deux autres gars. Ils retournent tout son logis et découvrent deux pépites cachées dans une boîte à thé. Cummings nie être un voleur, en bafouillant. McCaulky accuse donc sa femme... La situation s'envenime. McCaulky en vient à flinguer la femme et la fille de l'ouvrier. Ce dernier reste autant affligé qu'atone, totalement sous le choc. Le shérif Duke et le Marshall Sharp sont aussitôt prévenus. Même si les affaires de la mine concernent Mullins, et uniquement Mullins, Duke considère qu'on ne doit pas toucher aux femmes et aux enfants. Ils savent néanmoins que Mullins est puissant et attendent donc que la pression retombe pour aller « parler » à McCaulky. Ce sera chose faite le lendemain dans le saloon. Sharp s'assoie à la table de McCaulky et le prévient calmement de se tenir à carreaux. Le tueur n'ose pas dégainer son arme, car il a repéré Duke aux aguets, accoudé au bar. McCaulky fait donc profil bas... une paire d'heures. Puis une fois un peu enivré, il monte à l'étage avec une prostituée. C'est le moment que choisissent une poignée d'ouvriers pour venger la femme de Cummings, après être allé secouer et débaucher le pauvre veuf. Ils montent à l'étage et décident d'attaquer McCaulky alors qu'il fait « son affaire »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Incroyable : à 78 ans, Hermann se lance encore dans une nouvelle série ! Et pourquoi pas un western, puisque c'est sans doute le genre dans lequel il a le plus œuvré (si l'on considère Jeremiah comme un western post-apocalyptique). Et pourquoi pas scénarisé par son fils Yves H, puisque c'est à ses côtés que le Grand Prix d'Angoulême 2016 travaille depuis quelques années. Le pitch et la problématique de ce premier tome se montrent ultra classiques : les violents hommes de main d'un puissant potentat local ont commis le meurtre inique de trop ; le (plutôt) vertueux shérif Duke ne va donc pas les lâcher de son collimateur. Les dialogues et les situations découlent naturellement, et maintiennent tout du long une tension à son comble. Ça se regarde en chien de fusil, ça se flingue, ça se traque... On regrette juste le soupçon d'originalité qui aurait tiré cet épisode d'introduction du tout-venant. Sur le plan graphique, Hermann réitère sa griffe unique en couleurs directes, mais complété d'un lavis plus lumineux que d'habitude, avec l'emploi par moment de teintes vraiment flashy et décalées (ex : le sol turquoise p.5). Sa science du cadrage demeure exemplaire, sans doute l'une des plus aboutie de tout le 9ème Art. On sent cependant comme de légers hiatus par moment dans la finition. Y aurait-il eu urgence à boucler ce tome avant l'édition 2017 d'Angoulême ?