L'histoire :
Achille s'emporte contre ses parents et quitte le repas familial après une dispute autour du vaccin contre l'hépatite B. Achille ne veut pas le faire, et traite ses parents de moutons qui gobent les théories officielles. Pour lui, la vérité cachée c'est que ce vaccin donne la sclérose en plaques, tout comme la version officielle du 11 septembre est une vaste manipulation. Il croise dans la rue un copain de lycée qui se demande ce qui lui arrive, et la discussion entre les deux ados commence. Grâce à une illusion d'optique qu'il lui montre sur son téléphone, ce dernier attire l'attention d'Achille sur le fonctionnement du cerveau, qui prend parfois des raccourcis confortables. Une discussion débute alors autour de multiples exemples étonnants, comme l'explication du long cou des girafes. S'est-il réellement allongé au cours du temps, ou n'est-ce pas plutôt l'espèce au cou le plus long qui a résisté à l'élimination naturelle ? Deux manières de comprendre un même fait indéniable, mais une seule vérité scientifique. Dans la vie quotidienne, les exemples de manipulation de notre appréhension du monde sont multiples, s'appuyant sur les biais connus du cerveau humain. Des exemples de réductions de prix affichées dans les supermarchés qui font tout pour nous induire en erreur, aux théories du complot qui se multiplient et s'auto-entretiennent. Plus de vingt, le premier jour des attentats contre Charlie-Hebdo, près de cent quatre jours plus tard. Une discussion franche entre deux potes du même âge qui vont se retrouver sur un terrain de foot pour échanger quelques passes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gérald Bronner et Jean-Paul Krassinsky ont réussi l'exercice délicat de mettre en scène de manière agréable un propos de fond assez pointu. C'est le défi de cette Petite Bédéthèque des Savoirs, qui souvent se contente d'un alignement d'images qui illustrent un propos. La balade d'Achille et de son pote passionné par le fonctionnement du cerveau donne un rythme aux informations que Bronner choisit de partager. L'auteur multiplie les exemples de biais cognitifs, qui influencent non seulement notre perception des choses, mais nous incitent également à accepter l'explication parfois la plus confortable. Krassinsky organise la discussion entre les deux ados de manière très fluide, alternant les scènes en classe, les histoires de filles, le terrain de foot. Malgré le sérieux du thème abordé et la multiplicité des exemples, notre attention est maintenue par la diversité des sujets choisis. Des petits pièges autour des chiffres dans les rayons des magasins, au fait qu'il est effectivement impossible de prouver que les licornes n'existent pas, les exemples sont stimulants et à la portée de tous. En restant légers les auteurs parviennent néanmoins à aborder les sujets les plus sérieux, comme les actes terroristes. Ils réussissent à démontrer combien il est facile d'échafauder des théories impressionnantes mais totalement bidons. L'exemple des soi-disant messages cachés dans la Bible est de ce point de vue absolument épatant. Une réussite pédagogique et distrayante.