L'histoire :
La pionnière Olympe de Gouges questionnait chez l'homme le « souverain empire de dominer son sexe », allant jusqu'à dénoncer dans la révolution de 1789 les inégalités flagrantes entre hommes et femmes. L'histoire multiplie les exemples de la domination structurelle que des responsables politiques, de grands hommes de l'histoire, ont inscrite dans les textes. L'époque actuelle fournit encore d'innombrables exemples de propos et d'attitudes sexistes, très souvent rendus visibles dans les rangs de l'assemblée nationale, avec le très récent et désolant épisode de la robe d'une députée écologiste. Le féminisme s'est construit dans l'histoire au fil de grands évènements, et grâce à la capacité de ses figures intellectuelles de mettre en avant les ressorts d'une inégalité installée dans les actes ou dans les normes sociales. Les couvertures de magazine, les violences faites aux femmes, la lutte pour l'égalité des noirs américains, le regard de la société sur les différences sexuelles sont autant d'occasion d'alimenter la réflexion sur le chemin qui reste à parcourir. Jusqu'à certains penseurs de la psychanalyse dont le regard sur la sexualité traduit avec violence une vision masculine qui semble construire leur pensée a priori novatrice.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Autant que Le féminisme, c'est son histoire qui est au cœur de ce nouveau petit livre très structuré, à l'image de la collection à laquelle il appartient. Anne-Charlotte Husson passe en revue une série de faits historiques dont le grand-public aura souvent retenu la face émergée, et les éclaire d'une manière délibérément orientée. Le retour sur l'autorisation de l'IVG en France est à cet égard très utile, qui revient sur le rôle tout à fait déterminant de Gisèle Halimi, avant le fameux discours de Simone Veil devant l'assemblée « presque exclusivement composée d'hommes ». Mais de manière très subtile, elle met aussi en avant les difficultés du mouvement abolitionniste noir américain, quand il a été question du droit de vote des femmes. A travers aussi bien les époques que des pans très différents de la société, elle explique de quelle manière la vision des hommes sur les femmes peut subir l'influence évidemment très ancienne d'une domination structurée. L'auteure met en jeu des concepts qui ne vont pas vers la facilité, même si pour ce faire elle utilise parfois un ton simpliste, qui montre son manque d'expérience de la narration en BD. Mais passées les premières pages un peu trop visiblement didactiques, la force des idées des grandes théoriciennes de la cause féministe retient l'intérêt du lecteur. Thomas Mathieu illustre sans aucun effet de style ce texte intéressant en sept chapitres. Comme dans de nombreux volumes de la Petite Bédéthèque des Savoirs, le rôle du dessinateur est d'illustrer le propos de manière totalement redondante. C'est la limite de l'exercice, pas forcément problématique dans cet album réussi.