L'histoire :
L’homme est-il bon ? : Un rescapé de l'expédition Vunes se retrouve poursuivi sur une planète désertique par une horde sauvage d'extraterrestres. L’homme se réfugie sur le seul maigre rocher qui surnage dans cette mare grouillante de bestioles vertes. Et ce qui devait arriver arrive. Il est croqué. Enfin, juste une oreille, vite recrachée. Poua, l’homme n’est vraiment pas bon !
Quetzal : Une jeune femme amérindienne à l’ère des premières colonisations de l’Amérique du Sud, part chercher de l’eau. Là, elle est témoin d’une apparition lumineuse mystique. Rapportant sont témoignage au village, on l’a persuade d’en référer à l’église, qui ne trouve rien de mieux, même en constatant le phénomène, de la mettre au bucher.
Baltard 3 : Une voiture de sport rouge roule sur le périphérique désert, en passe de quitter définitivement la ville futuriste de Baltard 3. A bord, un homme décide de faire demi tour, estimant qu' après tout, il n'a commis qu'une broutille, et qu'il n'y a pas de raison à être banni. Malheureusement, aucune entrée magnétique ne lui accorde le passage, tout comme aucune station automatique ne lui accorde du carburant. Décidé à rentrer à pied dans la cité froide, il essaye de retirer sa ceinture...sans succès. La condamnation va s'avérer impitoyable...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sous sa couverture très Rodienne (le penseur de Rodin remplacé par un robot féminin bondage tenant un petit homme), ce nouveau numéro reprend l'illustration de couverture de l'album Ténébreuses affaires de Nicolet, paru en 1979 aux Humanoïdes associés. Compilant la crème de ce qui a été publié à l'époque dans les numéros 3 (1974) à 133 (1987), dont dans certains numéros spéciaux, cet épais volume de 288 pages voit large et ouvre même son sommaire avec un récit créé en 1974 par un tout jeune Moebius, encore auteur chez Pilote, où son célèbre western Blueberry paraît depuis fin octobre 1963. Cette histoire muette, en couleurs (beaucoup de vert), est un récit « fondateur » du style Moebius, qui sera justement republié dans Métal hurlant 10 en 1976. Les autres auteurs et leurs récits complétant ce numéro montrent encore la richesse de cette revue exceptionnelle au ton très fanzine, où il est intéressant de noter, au milieu des noms connus (Moebius, Serge Clerc, Yves Chaland, Carlos Gimenez, Marc Caro, Beb Deum, François Schuiten, Mézières, Bilal, Nicollet, Nicole Claveloux...), d'autres moins connus : Halmos, Michiko Hisauchi,Keleck, et surtout des récits jamais republiés depuis. C’est le cas des magnifiques six pages d’Yves Chaland, abordant avec un brio graphique incroyable, une cérémonie sacrificielle. Là, l’auteur trublion et touche à tout, mort trop tôt, se permet de dessiner dans un style noir et blanc rendant hommage à la crème de ses collègues d’alors. Est-ce du Moebius, du Hé, du Caza ? Bien malin celui ou celle qui aurait trouvé l’identité de l’auteur sans sa signature. Republié en 1997 dans l’album luxueux Les années Métal chez Champaka, on peut donc désormais s’en réjouir à moindre prix. Les deux avantages principaux de ce numéro vintage sont donc : 1/ de (re)mettre à disposition de milliers de lecteurs des récits improbables, créés par des artistes incroyables à une époque lointaine, fertile et dangereuse très spécifique dans une revue jamais égalée depuis (mais beaucoup copiée). 2/ d'y ajouter les textes informatifs de Claude Ecken ou de Christophe Quillien, remettant du contexte pour toutes celles et ceux n'ayant pas connu cette époque, en sus des reproductions d'édito et billets de Jean-Pierre Dionnet, plus les 17 pages l'Essor d'un journal et la muse de Druillet : Catherine L. Moore (8 pages), ainsi que des entretiens avec des protagonistes essentiels, comme ici Philippe Druillet de Jean-Michel Nicolet. Loin d'être une simple compilation, ce Métal Hurlant 2022 volume 4 ravira donc non seulement ceux qui ont déjà la collection complète des numéros d’époque, mais comblera aussi avec surprise et fracas les « novices », risquant de ne pas s'en remettre, et s'interrogeant : « Comment une époque pareille a t-elle pu exister ? ». On se demande bien. En tout cas, elle est bien révolue et c'est la seule note négative du goût de ce Métal hurlant.