L'histoire :
A la fin de la guerre du Pacifique, Angela atterrit sur une île de l’archipel des Mariannes. Elle demande aussitôt à rencontrer Dora Dougherty, la dernière Wasp à avoir effectué une mission en compagnie de sa défunte sœur Maureen. Angela espère enfin obtenir des réponses sur l’étrange accident mortel dont a été victime Maureen. Mais à l’évocation du nom de Maureen, Dora se ferme comme une huître et retourne sur son perchoir : elle est maître-nageur de plage, pour les militaires qui prennent du bon temps entre deux missions de guerre. Angela se montre alors insistante. Dora lui raconte alors les dernières frasques de sa sœur, quelques jours avant sa mort. A l’époque, Maureen et Dora venaient d’être affectées au pilotage d’un bombardier B29. Maureen était tombée amoureuse d’un lieutenant-colonel, Paul Tibbets, un homme marié. Maureen ignorait alors que cet homme était déjà fiché auprès d’un shérif de Floride, pour détournement de mineur, dix ans plus tôt. La hiérarchie s’était scandalisée de l’attitude de Tibbets… et avait envoyé Maureen en mission d’entrainement, pour le largage ciblé d’une bombe factice de 4,5 tonnes. L’exercice avait failli tourner à la catastrophe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Yann et Romain Hugault nous ont habitués depuis quelques années à leur cadeau de Noël : un nouveau tome d’Angel Wings, série d’aviation militaire se déroulant durant la guerre du Pacifique. Une aventure militaire, donc, mais qui se sert surtout de ce contexte guerrier comme d’un prétexte. Les intrigues évoluent plus sûrement du côté de l’espionnage, du thriller, et de la puissante sensualité émanant des pin-ups et femmes pilotes. Car l’héroïne Angela est une pilote d’avion « Wasp » (pour Woman Airforce Service Pilots) à forte poitrine, qui enquête sur la mort de sa sœur, dont l’origine est plus sûrement meurtrière qu’accidentelle. Or voilà : dans cet épisode, Angela obtient la majorité des réponses à ses questions, alors qu’un acte majeur de l’Histoire est sur le point de se dérouler. En couverture, les spécialistes auront en effet reconnu le bombardier B-29 Superfortress Enola Gay, celui-là même qui larga la première bombe atomique sur Hiroshima. Les super spécialistes auront aussi dressé la truffe au nom de l’amant de Maureen, Paul Tibbets : il est le pilote qui, authentiquement, larga la bombe sur Hiroshima (Enola Gay était le prénom de sa mère). On ne va pas tout vous raconter ; on précisera tout de même que Yann pose avec précision la clé de voûte d’une intrigue qui nous tient en haleine depuis le début. Et comme à son habitude, Hugault livre une partition graphique d’une précision atomique à couper le souffle. Son réalisme jusqu’auboutiste, surtout en ce qui concerne les carlingues des avions, ne s’empêche pas d’accorder beaucoup d’expressivité aux personnages. Le regret est grand de voir Angela aboutir son enquête sur la mort de sa sœur, car cela signe non seulement la fin du cycle, mais aussi sûrement celle de la série.