L'histoire :
Au dessus d'une partie du territoire chinois, un Lockheed Neptune effectue une mission sensible. Le bimoteur de la Navy évolue à 5500 pieds et 164 nœuds. Les objectifs sont bouclés et il annonce au PC de l'USS Oriskany, qui croise dans la mer rouge au large des côtes chinoises et coréennes, sa prise de cap pour le retour. Dans le même temps, il reçoit de K-53, la station radar situé sur l'île de Paengyong-Do, un message vocal alarmant : un avion hostile sera sur eux en quelques minutes ! Le radar du bimoteur confirme quasi immédiatement : l'écho se dirige droit sur eux et il ne fait aucun doute que c'est un jet. Aussitôt, le pilote pousse à fond sur le manche : descente évasive en piqué ! Mais c'est déjà trop tard, un Mig 15 apparaît dans les 8 heures au dessus du Neptune et l'appareil américain est descendu en flammes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Mig Madness, c'est un diptyque qui débute, comme la couverture et son Panther le désignent, durant la guerre de Corée. Et comme rien n'est dû au hasard, « Mig Madness » se rapporte à une expression qui qualifia une sorte de frénésie ayant gagné une partie des pilotes américains, qui semblaient totalement obsédés par la constitution d'un tableau de chasse. Un syndrome guerrier qui pouvait leur faire péter les plombs et « allumer » tout ce qui pouvait se présenter dans leur collimateur, y compris un autre Sabre, voire un coéquipier... L'USAF n'a jamais été claire à ce sujet, mais il est certain que les « tirs alliés » ont été plus nombreux que ceux officiellement recensés. Alors c'est avec habileté que la folie se trame dans ce premier volet. Un avion shooté dont il faut détruire l'épave et une mission pour le moins casse-pipe imposée par la CIA à la Navy. Première dinguerie. Un épisode de tempête de neige qui justifie le raid, parce que les cocos n'oseront pas sortir leur Mig dans un pareil blizzard. Deuxième dinguerie. Et des prisonniers de guerre traités comme des chiens s'ils ne renient pas l'Occident. Si bien qu'une partie d'entre eux trahit, l'autre partie flirte avec la folie provoquée par la faim et le froid ; et la troisième partie d'entre eux développe un syndrome de glissement, celui qui consiste à ne plus vouloir vivre et se laisser mourir un peu plus chaque jour de détention. Dinguerie de la guerre. Ah, il y a quand même une folie salvatrice, celle de l'amour. Mais cette fois-ci, on ne vous en dit pas plus. Voilà donc un scénario costaud, qui laisse une place importante à l'action, à la tension et la dramaturgie. Quant au dessin, que dire d'autre qu'il est sublime ? Des décors aux avions, en passant par les portraits et les couleurs, tout est beau et embarque le lecteur dans l'aventure... et la dinguerie de la guerre. Carton plein, Sir !